Un loup est un loup est l’adaptation du second roman de Michel Folco, publié en 1995. Se déroulant dans les même lieux et reprenant des personnages de son premier roman, ,
Dieu et nous seuls pouvons, il lui faisait en quelque sorte suite… Ce dernier, qui parlait d’une lignée de bourreaux officiant dans l’Aveyron entre le fin du XVIIème et le début du XXème siècle, s’était vu partiellement adaptée au cinéma par Christian Fechner sous le titre de
Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu.
L’action prend place dans la contrée de Racleterre dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Apolline, épouse de Clovis Tricotin, maître sabotier, met au monde des quintuplés : Clodomir, Pépin, Dagobert, Clothilde et Charlemagne, le petit dernier, plus vif et plus hargneux que ses frères et sœurs. Il semble posséder l’étrange don de pouvoir communiquer avec les animaux… Le destin frappe à la porte lorsque Clovis succombe des conséquences funestes de la rage (mais de la main de l’homme)… Charlemagne rumine sa vengeance alors que la vie des quintuplés, qui vont être séparés pour la première fois de leur vie, va se trouver bouleversée…
Au fil de ses romans, Michel Folco tisse un univers et met en scène des personnages récurrents avec un plaisir jubilatoire et un savoureux humour noir tout en ancrant fortement ses récits dans leur époque. Œuvre de fiction, le roman éponyme est truffé de références historiques qui crédibilisent l’histoire. Dialogues et coutumes, mœurs et croyances sont inextricablement mêlés au récit pour lui donner cette coloration si particulière. Adapter ce roman en BD était un défi audacieux que les deux auteurs relèvent avec une indéniable efficacité.
Le découpage du prolifique Makyo (
Ballade au bout du Monde,
le Maître de peinture,
Je suis Cathare,
Jérôme K. Jérôme Bloche…) s’avère des plus percutants alors que la mise en images de Federico Nardo s’avère très immersive. Le trait semi-réaliste du dessinateur italien parvient à retranscrire avec efficacité le ton si particulier du roman, oscillant entre drame, humour grinçant et récit historique.
Des coupes ont bien sûre étaient opérées dans le pavé conséquent (mais passionnant!) de près de 630 pages que constitue le roman mais elles s’avèrent très pertinentes. L’ossature du récit originel est conservée et l’histoire est menée avec une évidente efficacité, portée par des dialogues incisifs teinté de vieux français sans que cela nuisent nullement à la compréhension. La couverture, aussi élégante qu’intrigante s’avère elle aussi très réussie puisqu’elle confère au chaland la furieuse envie d’ouvrir et de lire l’album…
Ayant déjà travaillé ensemble sur Le vent des Khazars (adaptation du roman éponyme de Marek Halter), Makyo et Frederico Nardo semblent avoir rapidement retrouvé leurs marques pour nous livrer un premier tome captivant qui nous entraîne au cœur de la France rurale du XVIIIème siècle. Nous attendons avec impatience la suite et fin de ce diptyque plus que prometteur!