Le Califat de Stockholm, premier tome de 12 Septembre, avait su surprendre et captiver le lecteur par son twist surprenant qui faisait basculer l’histoire vers le fantastique en proposant , contre toute attente, une étrange uchronie médiévale…

La vie de Duncan Campbell, agent de la NAS spécialiste du Moyen-Orient, bascule le 6 septembre 2001. En ce jour funeste, il perd la femme qu’il aime et est trahi par ses supérieurs… Pire, il se retrouve plongé au cœur d’un conflit médiéval non référencé dans les livres d’histoire. Sa connaissance du monde islamique et de l’Europe du XVème siècle lui seront d’une aide précieuse pour tenter de comprendre et d’enrayer cette guerre de civilisations qui embrase le monde… Car tout laisse à penser qu’il n’a pas été le seul à être transporté au XVème siècle… Ali Al-Khazam , terroriste à l’origine des événements du 11 septembre, l’y a devancé et a eu largement le temps d’utiliser ses connaissances en armement pour tenter de mettre à terre le monde occidental…

Le 11 septembre 2001 résonnera encore longtemps dans les consciences comme l’un des plus tragiques événements inaugural d’un XXIème siècle incertains. A partir des dramatiques évènements et de ce, annonciateurs, survenus deux jours avant, Roger Seiter a tissé un scénario déroutant mais captivant qui entraîne le lecteur dans une uchronie médiévale surprenante qui pose en filigrane la question cruciale du « comment en est-on arrivé là »?

En replongeant dans ce passé, le scénariste, historien de formation, cherche à apporter une réponse à travers un récit remarquablement mis en image par Simone Gabrielli, dessinateur italien dont le trait réaliste s’avère particulièrement intéressant. On songe bien sûr au roman de Lyon Sprague de Camp (ingénieur de formation), De peur que les ténèbres où le héros, transporté dans le passé après avoir été foudroyé, va pouvoir influer le destin de l’humanité en exploitant au mieux ses connaissances historiques et scientifiques pour infléchir l’Histoire. Le choix du XVème siècle s’avère ici des plus pertinents : en ce siècle de toutes les mutations, islam et chrétienté vivaient en relative bonne entente. Ces deux civilisations n’auraient-elles pas pu évoluer en bonne entente pour que le 11 septembre n’ai jamais lieu?

Ce second tome clôt un diptyque original et audacieux dont l’intrigue semble toutefois un peu à l’étroit dans cet album, comme si il y avait eu matière à plus mais que, pour diverses inconnues, il a fallu boucler en deux tomes seulement une histoire qui promettait d’être plus riche et plus touffue… L’ensemble se tient néanmoins et, alors que la date de 7 janvier 2015 raisonnera longtemps dans les mémoires, le récit s’achève sur une note optimiste, une lueur d’espoir au cœur des ténèbres…