Milo Manara se propose à travers ce dyptique de présenter la vie tumultueuse de Michelangelo Merisi da Caravaggio dit le Caravage, l’un des plus grands peintres de la Renaissance, dont le caractère sanguin, la vie aventureuse et l’art transgressif en font un héros profondément romanesque.
Automne 1592. Michelangelo da Caravaggio débarque à une Rome écartelée entre grandeur et décadence. Rebelle, bagarreur, cet artiste sombre et tourmenté semble faire peu cas des honneurs et souhaite devenir un peintre du peuple. Ses partis pris artistiques, sa façon iconoclaste de travailler vont attirer sur lui les foudres d’hommes puissants mais son immense talent va lui attirer les bonnes grâces de puissants mécènes…
Le jeune et ténébreux Michelangelo n’a que vingt-deux ans lorsque s’amorce le récit, mais possède déjà un caractère affirmé, impulsif et colérique, et un talent sans commune mesure. Le maître italien qu’est Milo Manara met la lumière sur la vie tumultueuse de ce peintre, sculpteur d’ombre dont le génie a révolutionné la peinture… Délaissant les poses appuyées de ces prédécesseurs pour une représentation plus juste, ancrée et inspirée du réel, il ouvre la voie à Rembrandt, Velasquez ou de La Tour.
L’auteur met en exergue cette époque troublée où l’Eglise pouvait sceller le sort d’un peintre et l’envoyer au bûcher comme le porter au pinacle. En amoureux de la peinture (comme il l’a prouvé dans
Peintres et Modèles, une bien sensuelle histoire de l'art) Manara met aussi en lumière les liens unissant le peintre et son œuvre, la façon dont sa vie aventureuse et marginale va influencer ses toiles…
Le travail graphique de Manara est, comme de coutume, somptueux. Il joue avec les ombres et les lumières avec maestria, proposant une vision sombre et inquiétante de la Ville Eternelle. Sous ses habiles pinceaux, on voit naître un à un les chefs-d’œuvre du Caravage, peintre un temps oublié mais dont le génie fut redécouvert au XXème siècle.
La palette et l'épée, premier tome d’un diptyque consacré au sulfureux Caravage, nous immerge dans la Rome Eternelle d’un XVIème siècle agonisant où ont œuvré tant d’artistes. Mêlant personnages fictifs et historiques, il laisse son imagination combler les zones d’ombres de la vie mouvementée du peintre ombrageux afin de nous en livrer un portrait en clair-obscur plein de vie et d’élégance.