

Un long silence nous entraîne dans le New York de 1892 à la suite de William Campbell, un jeune immigré irlandais, dont le destin s’est brisé dès son arrivée sur le sol américain peu après avoir débarqué à Ellis Island…
Will sait désormais que les anarchistes n’ont rien à voir avec la terrible explosion qui a fauché sa mère… Le coupable se cache au Pink Flamingo, un cabaret à la mode où les notables newyorkais viennent dépenser leur fortune… Il joue un jeu dangereux en côtoyant chaque jour le responsable de la mort de sa mère, feignant d’être sourd muet pour grappiller quelques indices et saisir des bribes confidences… Mais certains commencent à douter de sa loyauté comme de son handicap… Tout va rapidement s’emballer pour un final… explosif!
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la couverture de l’album interpelle le chaland… Surtout avec ce titre,
Que la fête commence!, qui résonne comme une étrange oxymore au vu de l’illustration…

Le récit écrit et mis en image par Eric Stalner nous immerge à la fin d’un XIXème siècle, oscillant entre faste et misère… Le rêve américain a rapidement tourné au cauchemar pour le jeune Will et l’histoire, si elle est de facture classique, n’en reste pas moins parfaitement maîtrisée. Et le héros qui se livre au lecteur par le biais de monologues apporte une touche d’originalité et de gravité au récit. La tension va crescendo jusqu’aux révélations finales et la conclusion qui arrive en deux temps, à la manière d’un forme d’un épilogue, s’avère très percutante…
Avec force détails, l’auteur s’est livré à une reconstitution saisissante et crédible du New-york de l’époque. La lecture de ses planches s’avère très fluide et son travail sur les cadrages, moteur du suspens dans la scène de la pendaison, s’avère particulièrement efficace pour poser une ambiance sombre et inquiétante… Le traitement subtil des personnages, tant sur leurs apparences que par leurs caractères, font planer longtemps le suspense sur leur possible culpabilité…
Fertile en rebondissements et en révélations, le diptyque d’un long silence se referme donc, apportant un point final à ce récit historique où la vengeance occupe les premières loges. A la fois classique dans le fond mais original dans son traitement, le scénario d’Eric Stalner séduira les amateurs de polars historiques et dramatiques. La fête est finie mais pour Will, enfin libéré du fardeau de la vengeance, la vie va pouvoir (re)commencer…