La geste arthurienne est l’un des grands mythes européens qui n’en finit plus d’inspirer romancer, scénaristes et cinéastes… Severine Gauthier et Thomas Labourot s’emparent de la légende avec un album pétillant de malice et d’humour…
La forêt de Brocéliande aurait pu continuer à être le havre de paix et de sérénité. Mais, alors que la jeune Aliénor suivait (distraitement) l’enseignement druidique dispensé par son enchanteur de père Merlin (excusez du peu !), ce dernier est terrassé par le cri strident d’une racine de Mandragore… Mais Merlin ne compte pas rester mort bien longtemps et il va conseiller sa fille pour le tirer de ce mauvais pas… Las! Morgane, son ennemie jurée, est trop contente de l’enterrer en grande pompe alors que l’Ankou, l’ouvrier de la Mort, semble bien décidé à emporter Merlin en son sinistre royaume…
Passionné par le mythe arthurien et ses nombreuses déclinaisons, le scénario inventif et rafraîchissant concocté par Severine Gauthier suffisait à attiser notre intérêt… Certes faire passer l’enchanteur de vie à trépas dès les premières pages s’avère des plus iconoclastes mais force est de reconnaître qu’on se laisse entraîner dans le récit avec un plaisir jubilatoire… Severine Gauthier revisite avec un plaisir communicatif le mythe arthurien, mettant en scène certaines de ses figures emblématiques telles Vivianne et Lancelot, Merlin ou Morgane, saupoudrant le tout de légendes bretonne au travers de la figure étrangement drolatique de l’Ankou… Les dialogues, truculents, sont savamment travaillés, impulsant un rythme savoureux au récit…
Mais si le synopsis justifiait à lui seul la lecture de l’album, force est de reconnaitre que le dessin foisonnant et dynamique de Thomas Labourot accroche d’emblée l’œil… La couverture, fort joliment composée et rehaussé par un lettrage subtil, attire immanquablement le regard alors que les planches, remarquablement mise en couleurs, sont de toute beauté. Son trait plein d’élégance s’avère délicieusement expressif, mettant en scène des personnages attachants plein de vie… et de charmes…
L’album est complété par
L’Echo de Brocéliande une gazette colportant les rumeurs et potins de la forêt, truffée d’interviews, de reportages, de recettes et de publicités délirantes…
C’est peu dire que nous sommes tombés sous le charme de cet album plein d’humour et de magie qu’on aurait bien tort de réduire à un album jeunesse tant on le dévore avec un plaisir jubilatoire. La féérique forêt de Brocéliande semble être un terrain de jeu dans lequel Séverine Gauthier et Thomas Labourot s’amusent avec un plaisir éminemment communicatif… Ce premier tome, inventif et rafraichissant pose les bases d’une série drôle et pétillante qu’on suivra avec le plus vif intérêt…