Adapté du roman éponyme de Michel Folco, Un loup est un loup immerge le lecteur dans la seconde moitié du XVIIIème siècle pour un récit historique teinté d’une discrète note de fantastique.

Mars 1763. Contrée de Racleterre. Apolline et Clovis Tricotin ont mis au monde des quintuplés : Clodomir, Pépin, Dagobert, Clotilde et Charlemagne. Il auraient dû être inséparables mais la vie en a décidé autrement. Alors qu’on vient à peine d’enterrer leur père, voilà que la mère des quintuplés succombe à son tour d’une maladie foudroyante. Au cours d’un conseil de famille destiné à décider du sort de la fratrie, leur oncle décide qu’ils doivent être séparés… C’est Dame Jacinthe, sa marraine, qui recueille Charlemagne, le dernier né, doté d’un fichu caractère et d’un étrange don avec les animaux. Les murailles du château et les brimades (peut-être méritées !) ne pourront pas l’empêcher de tout tenter pour retrouver ses frères et sœurs…

Avec un évident talent, les deux auteurs parviennent à retranscrire cette atmosphère étrange dont Michel Folco a le secret. Le romancier n’a en effet pas son pareil pour poser en quelques pages une ambiance particulière, à la fois pesante et légère, teinté d’un cynisme savoureux. A travers son roman, il brosse un portrait saisissant des dernières heures de l’ancien régime, où les lumières du siècle peinent encore à dissiper les ténèbres de l’obscurantisme. Pierre Makyo a conservé les dialogues truculents et fleuris tissés par le romancier, conférant à la série cette coloration toute particulière.

Le récit se referme da façon quelque peu abrupte… mais quoi de plus normal puisque le romancier se plait à remettre en scène ses personnages et qu’il poursuit les aventures de Charlemagne Tricotin à travers d’autres romans, tels En avant comme avant! ou Même le mal se fait bien… Romans dont on ne peut qu’espérer qu’ils feront l’objet de nouveaux cycles pour prolonge la magie!

Le dessinateur italien Federico Nardo signe des planches magnifiques qui ne sont pas sans évoquer le trait de Griffo, époque Petit Miracle. Ses crayons généreux campent un XVIIIème siècle particulièrement crédibles et saisissant et mettent en scène avec une redoutable efficacité les différents personnages, héros comme second rôle… Avec une mention toute particulière à Charlemagne, personnage central du récit, jeune garçon sauvage et indomptable devenu chef de meute doté d’un instinct de survie et d’une malice qui le tireront de bien des situations…

Pierre Makyo et Federico Nardo interprètent avec une redoutable efficacité la partition de Michel Folco. Malgré les coupes, inévitables, ils ont su conserver l’esprit du roman, sa rudesse et sa violence mais aussi son humour, souvent noir et son savoureux mordant. Les amateurs d’Histoire plongeront avec délice dans la vie de ce bourg campagnard, fidèlement retranscrit, tant par le texte que par l’image…