


En 1988 paraissait
Nao, premier tome d’Aquablue, une série de SF destinée à devenir un classique. Ecrite par Thierry Cailleteau et superbement mis en image par Olivier Vatine, la série a connu de nombreux développements portés par les crayons de Tota ou ceux de Siro, sans parvenir à égaler en force et en intensité le cycle originel. En 2011, un nouveau duo reprenait les rênes de la série, lui redonnant un second souffle salutaire…
Standard-Island, la première des villes flottantes d’Aquablue destinée à accueillir des milliers de passagers humains en quête d’exotisme subit une prise d’otage mené par un commando de natifs. L’affaire tourne rapidement au tragique avec l’exécution du chef Melkeïok alors que les revendications des terroristes sont jugées irrecevables par le CCC.
Bien que le temps leur soit compté, Nao, Carlo et Cybot tentent d’organiser une contre-offensive… Mais les motivations des terroristes semblent être plus tortueuses qu’il n’y paraît…
Ce quinzième tome de la série s’avère une fois encore on ne peut plus convaincant. Si le scénario fait la part belle à l’action, il développe des arcs narratifs puissants et efficaces qui structurent ce second cycle d’Aquablue.

Le récit choral concocté par Régis Hautière s’avère parfaitement maîtrisé. Alors que Nao tente de gagner du temps et retrouver Mi-nuee, l’ethnologue Maurice Dupré poursuit son enquête sur Terre pour connaître l’identité de celui qui se cache derrière la société qui a affrété Standard Island… L’alternance de ces récits impulse un rythme soutenu à l’album, alors que les dernières scènes laissent augurer une suite passionnante…
Le travail graphique de Reno s’affine au fil des tomes alors même qu’il avait placé la barre haute dès son premier tome. D’emblée, il a imprimé sa marque à la série, sans chercher à copier le style d’un de ses prédécesseurs. Héritées de l’animation, sa technique et ses compositions sont une fois encore impressionnantes, de même que sa maîtrise des outils numériques, tout juste renversante. Ses décors, modélisés en 3D, sont sublimés par des cadrages saisissants de dynamisme alors que ses découpages ciselés accentuent la dimension cinématographique de la série…
Gan Eden est un excellent opus d’Aquablue. Porté par les dessins impressionnants de maîtrise de Reno, le scénario de Régis Hautière s’avère tout à la fois rythmé et captivant. Les intrigues croisées qui se déroulent sur Terre et sur Aquablue esquissent une toile de fond saisissante qui laisse présager une fin de cycle pour le moins passionnante.
Indéniablement, les deux auteurs sont parvenus à donner un second souffle à cette série emblématique du neuvième art… Les amateurs de science-fiction ne pourront que s’en réjouir!