Richard Marazano et DessinXu Yao nous entraîne dans la Chine un conte envoûtant qui prend racine dans les mythes et les légendes de l’Empire du milieu et déploie ses ramifications dans l’histoire de la Chine d’avant-guerre…

Shangai, 1937. La Bataille de Songhu est en passe de commencer. Yin est une petite orpheline élevée par Lui, son grand-père. Du haut de ses dix ans, elle lui désobéit et s’embarque secrètement à bord de son bateau de pêcheur.
Ce jour-là, une créature mythique va se prendre dans les filets du vieux pêcheur : un dragon d’or… Attirés par l’étrange lueur qui s’en dégage et craignant d’être aperçue, ce qui pourrait mettre à mal leur projet de débarquement, un navire de la marine japonaise fait feu et blesse l’animal. Sur les insistants conseils de Yin, le grand-père accepte de le cacher et de le soigner…

Commence alors une aventure fantastique où Yin va faire preuve de son courage et de sa détermination…

Force est de reconnaître qu’on est d’emblée séduit par le formidable dessin de
Xu Yao, un jeune dessinateur chinois au talent déjà affirmé. Son découpage bougrement efficace, rehaussé par des cadrages particulièrement audacieux confère à ses planches superbes un dynamisme impressionnant. Sa mise en couleur est virtuose et son traitement de la lumière qui nimbe chacune de ses cases fourmillant de détails est tout juste superbe… Edité pour la première fois en France, le dessinateur vient du monde de l’animation, et ça se voit! Ses personnages, plein de vie, sont particulièrement expressifs et le talent de Xu Yao est tel qu’on ne serait presque pas surpris de les voir s’animer sous nos yeux…

Mais venons-en à présent au scénario signé par le talentueux et éclectique Richard Marazano qui signa notamment Dusk (avec Christian De Metter), Cuervos (mis en image par Michel Durand), L'Expédition (dessiné par Marcelo Frusin) et tant d’autres titres qui méritent bien plus qu’un détour…
Le scénariste ancre sont récit dans une période troublée de l’histoire de la Chine et puise dans le patrimoine ancestral pour tisser un conte envoûtant avec l’intrusion du fantastique au travers du Dragon d’Or pêché fortuitement... On suit les aventures de Yin, petite fille pleine de vie et de malice, qui se poursuivent sur un rythme soutenu. Des premières pages où la jeune fille sympathique et généreuse subi le racket d’une bande de jeunes à la rencontre de son grand-père prêcheur et l’arrivée du Dragon d’Or pris dans ses filets, on ne s’ennuie pas un instant alors que le contexte se fait plus dangereux après le débarquement et les premières exactions de l’armée japonaise…
La galerie de personnage est foisonnante, permettant au dessinateur de camper des personnages très attachants, tel Yin et son grand-père bien sûr, mais aussi cet iconoclaste capitaine Utamaro, officier cultivé bien conscient des visées expansionnistes de son pays.

L’album se referme sur inquiétante prophétie qui annonce des âges de terribles et tragiques événements alors que s’étend l’ombre du sinistre Xi Gong… Laissant augurer une suite passionnante et haute en (superbes) couleurs!

Yin et le Dragon inaugure une série résolument grand public qui a tous les atouts pour séduire petits et grands. Porté par Yin, petite fille malicieuse et téméraire, le récit de Richard Marazano nous entraîne à la frontière du mythe et de l’histoire pour un conte envoûtant formidablement mis en scène par un jeune dessinateur au talent déjà affirmé et dont les couleurs n’ont pas fini de nous envoûter…

Assurément, le ramage est à la hauteur du plumage du Dragon d’Or! Que dire, sinon que nous attendons la suite de cette pépite du neuvième art avec une impatience jubilatoire!