Le Garçon et la Bête est un film signé Mamoru Hosoda qui a déjà réalisé les superbes et dores et déjà classiques
Enfants Loups,
Summer Wars ou
La Traversée du Temps… Ce film envoûtant aux accents oniriques nous conte le parcours initiatique du jeune garçon solitaire cabossé par la vie qui va découvrir un passage vers Jutengai, le Monde des Bêtes.
Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes... C’est l’histoire d’un garçon solitaire qui n’a presque pas connu son père et a fui sa famille à la mort de sa mère. Seul, désœuvré, il va survivre dans la rue…
Un jour, le hasard va le fire croiser la route d’une Bête en quête d’un disciple... Il tente de les suivre mais le perd dans la foule… Pourtant, en cherchant à échapper à la police, il s’engage dans une ruelle étroite qui s’avère être un passage vers un autre monde régit par ses propres règles… Il va retrouver la Bête, un guerrier solitaire du nom de Kumatetsu… Cette rencontre est le début d’une formidable aventure… Celle du Garçon et de la Bête…
Difficile de ne pas tomber sous le charme de ce film d’animation et ce dès le flamboyant (c’est le mot!) générique, tout comme il est difficile de rester insensible à la souffrance de ce garçon solitaire meurtri par la vie et le décès de sa mère ou de ne pas s’inquiéter lorsqu’apparaît pour la première fois ce sinistre reflet dans la vitrine d’un magasin… Et puis tout bascule lorsqu’il croise fortuitement la route du fier Kumatetsu, un guerrier puissant désireux de devenir le seigneur de Jutengai… Mais pour cela, il doit se montrer capable de former un disciple…
Difficile lorsque tout ce qu’on a appris, on l’a appris seul, sans aide et sans liens… Ces deux solitudes vont se rencontrer et cela ne se fera pas sans heurts… Mais au travers de leur relation tumultueuse, les deux personnages vont apprendre à s’apprivoiser et à tisser une relation quasi filiale qui interroge sur la paternité… Qui du maître ou de l’élève apprendra le plus dans cette longue quête?
Porté par une animation somptueuse faisant la part belle aux émotions, le dessin est superbe, immergeant le spectateur dans un univers baroque et décalé, régit par des règles étranges. Le récit est particulièrement fluide, tour à tour drôle et poignant, soutenu par des personnages complexes au caractère affirmé. Personne n’est tout noir ou tout blanc dans cette histoire. Chacun possède ses blessures secrètes, ses zones d’ombres et de lumières et... son fichu caractère… Et la force de ce récit fantastique et onirique réside dans la richesse des personnages tout en nuances, dans leur profonde humanité…
Le travail sur les couleurs est saisissant, opposant graphiquement le monde des Bêtes, lumineux et chatoyant, et celui des Hommes, gris et terne, en parfaite osmose avec les états d’âme de notre jeune héros… La bande-son est à l’unisson, soutenant l’action avec une redoutable efficacité et exacerbant les émotions… Soutenu par un usage judicieux de l’infographie, les mouvements de caméra, particulièrement fluides, donnent le vertige, accentuant des visuels pourtant déjà saisissants.
Difficile de rester insensible au charme et à la force incroyable de ce dessin-animé où le réalisateur japonais des Enfants-Loups fait une nouvelle fois montre de sa virtuosité de réalisateur et de sa sensibilité. Porté par des personnages profondément humains, ce petit chef d’œuvre du cinéma japonais emprunte des chemins de traverses pour nous conter une histoire magique qui nous fait passer par une large palette d’émotions, du rire aux larmes, du frisson à la mélancolie… A ne manquer sous aucun prétexte!
Hayao Miyazaki, grand maître de l’animation japonaise a pris une retraite bien méritée. Mamoru Hosoda nous prouve au fil de ses films, qu’il en est le digne héritier… Assurément, le meilleur est à venir…
(*) paroles de Yoda dans La Menace fantôme