Sorti sur un rythme soutenu grâce au travail de plusieurs dessinateurs,
Alice Matheson s’est imposée dès le premier tome comme une série captivante et dérangeante dont le personnage principal, une infirmière tueuse en série, n’est pas sans évoquer celui du roman de Jeff Lindsay, j’ai nommé Dexter, interprété à l’écran par le talentueux Michael C. Hall.
Les preuves s’accumulent et il est désormais certain que l’inquiétante épidémie a pour épicentre le St Mary’s Hospital… En interrogeant le personnel, Eliott Kitson dépêché par Scotland Yard tente de découvrir le coupable et ses soupçons se portent rapidement sur Jordan Barry, éminent radiologue et séducteur patenté.
Grâce à son compte en banque bien garnie, Alice Matheson, qui officie comme infirmière mais possède des connaissances approfondies en médecine, monte un laboratoire pour travailler les sources de cette étrange maladie en capturant et étudiant des personnes contaminées… C’est alors qu’Amy, une de ses anciennes amies d’université, l’appelle à l’aide… Celle qui lui a autrefois apprit à feindre les émotions vient d’être mordue… Si l’espoir de la sauver paraît mince, Alice va néanmoins pouvoir expérimenter ses recherches balbutiantes sur un cobaye fraîchement contaminé…
Chacun des nouveaux tomes de la série fait montre de la remarquable maîtrise de Jean-Luc Istin. Rythmé comme une excellente série TV, il est difficile, voire impossible, de refermer l’album avant d’en avoir fini la lecture tant on est happé par l’histoire. Porté par un personnage complexe et malsain mais néanmoins attachant, l’album fait avancer l’intrigue principale (l’enquête sur les origines de l’épidémie) tout en développant un arc narratif totalement nouveau et auto-conclusif en introduisant un nouvel acteur dans ce petit jeu de massacre : Amy, qui est ce qui ressemble le plus à une amie pour une sociopathe telle qu’Alice. Fort des liens qui l’unissent à elle, elle se sent obligé de lui porter assistance, ou tout du moins de faire son maximum pour l’aider…
Cet album continue à nous révéler des bribes du passé de notre dérangeante héroïne par des fhashbacks savamment orchestrés qui nous permettent de mieux cerner les origines des troubles dont souffre Alice.
Signé une nouvelle fois par Zivorad Radivojevic, le dessin de l’album s’avère être d’une grande précision. L’encrage fin et précis met particulièrement en valeur son trait fourmillant de détails.
Son découpage nerveux et dynamique est rehaussé par des cadrages soignés et percutants en parfaite osmose avec le scénario… La mise en couleur du grand Jean Bastide est tout juste superbe, et son remarquable travail sur la lumière accentue avec brio l’atmosphère de chaque scène… Quant à la couverture, elle est encore et toujours superbe, introduisant un délicieux oxymore graphique avec le titre de l’album…
Solidement charpentée, formidablement rythmé, Sauvez Amy! donne au lecteur la savoureuse et grisante impression de suivre une série TV particulièrement enthousiasmante. La fin de l’album fait naître cette délicieuse frustration chez le lecteur de devoir attendre quelques mois avant de pouvoir lire la suite… Mais n’est-ce pas là la marque des grandes séries?
En mélangeant les genres, du polar à l’horreur en passant par le thriller, Jean-Luc Istin signe une série en tous points passionnante. Portée par des personnages riches et complexes, un dessin nerveux et une mise en scène virtuose, il dépoussière les histoires de zombies, pour notre plus grand plaisir!
(*) aphorisme d’Oscar Wilde