Raule, scénariste du jubilatoire
Jazz Maynard et de l’envoûtante
Isabellae inaugure une nouvelle série historique et ésotérique mettant en scène des disciples de Nostradamus.
1565… Michel de Nostredame, médecin et astrologue vieillissant, ne peut répondre à toutes les sollicitations dont il est l’objet. C’est pourquoi il a formé des disciple qu’il envoie aux quatre coins du royaume pour élucider des affaires que ni la science ni la religion ne peuvent résoudre…
Les anges de Nostradamus posent les base d’une série jubilatoire mêlant avec audace et efficacité histoire, aventure et ésotérisme. Après une introduction saisissante montrant un Michel de Nostredame affaibli et vieillissant, Raule installe patiemment les différents protagonistes de l’intrigue au travers de récits parallèles nerveux et efficaces. En quelques cases, il esquisse le portrait des trois anges de Nostradamus, Angélique Obscura, Angulus Dante et Arthus Trivium, personnages cultivés et intrigants qui sillonnent le Royaume pour le compte de leur vénérable mentor. Chacun d’eux est doté d’un caractère fort et si on suivra les aventures chorales de ces trois personnages, le titre de la série laisse à penser qu’Arthus Trivium prendra l’ascendant sur les deux autres…
Parallèlement, il déroule le fil rouge de son intrigue qui s’ancre dans les jeunes années de l’astrologue, s’immisçant dans les zones obscures de son histoire et de son premier mariage pour teinter son histoire de mystères et fantastique. Le cliffhanger nous laisse penser que ce ne sont là que les prémices d’un basculement plus important encore… Son récit évoque de façon saisissante une période charnière de l’histoire où les sciences balbutiantes et l’esprit de la Renaissance commençait à peine à dissiper l’obscurantisme et les superstitions du moyen âge…
Si on ne peut qu’être séduit par cette mise en bouche, force est de reconnaître que le trait énergique de Juan Luis Landa n’y est pas étranger… Ses cadrages audacieux dynamisent le récit alors que son encrage vif et précis et son remarquable travail sur la lumières confèrent à ses planches une indicible beauté, instaurant avec force et efficacité des ambiances délicieusement oppressantes.
On pense au dessin énergique d’Enrico Marini qui préface l’album, mais aussi à celui du talentueux Anthony Jean qui signa
La Licorne, série scénarisée par Mathieu Gabella et qui mettait déjà en scène Nostradamus.
Vingt ans après son premier et jusque-là dernier album, le voilà qui fait un retour pour le moins fracassant dans le neuvième art.
Graphiquement somptueux, ce premier tome d’Arthus Trivium pose les bases d’une série de cape et d’épée mêlant habilement histoire, fantastique et ésotérisme. Talentueux scénariste de Jazz Maynard, Raule signe un récit choral entraînant et prometteur qui nous entraîne dans les coulisses de l’histoire à la rencontre de personnages emblématiques, tels Nostradamus ou Charles IX…
Nostradamus n’a plus qu’une année à vivre et laissera bientôt le devant de la scène à Arthus Trivium… Et c’est peu dire que nous attendons de pouvoir lire la suite de ses aventures qui devraient paraître en cette année 2016!
(*) « assis de nuit secret estude, Seul repousé sus la selle d'ærain,Flambe exigue sortant de solitude, Fait proférer qui n'est à croire vain. », premier quatrain des prophétie de Nostradamus