Santiago est sans nuls doutes la BD western la plus drôle depuis le
Gus de Christophe Blain, le
Lincoln de la Jouvray’s team ou le
Caktus de Nicolas Pothier … Avec cette, hilarante parodie du genre, B-gnet signe un album jubilatoire et désopilant.
Santiago est le chef craint er redouté d’une joyeuse bande de pilleurs de banques, de détrousseurs de trains et de diligences, bref des bandits sans foi ni lois… Tout irait pour le mieux si les indiens cessaient de vouloir refourguer des napperons brodés à tous les outlaws qui passent, si Pablo ne passait pas son temps à perdre son colt et à prendre des bastos ou s’ils n’étaient pas quatre… Parce qu’une si une bande de hors la loi c’est mieux à plusieurs, y’a pas à dire, un nombre impair, ça casse l’esthétisme…
Heureusement, un cinquième desperado va rejoindre la bande… Le cinquième homme de la bande s’appelle Chico… Et c’est une femme…
Avec cet album totalement déjanté, l’irrésistible B-gnet signe un album réellement hilarant. Détournant avec un plaisir jubilatoire et communicatif les clichés du western sans qu’il soit besoin de lui poser un Colt 1849 Pocket canon de 6 pouces sur la tempe, il entraîne le lecteur sur les pistes poussiéreuses d’un grand ouest aussi mythique qu’absurde… Mexicains, tribu d’indiens fans de tissages, attaques en tous genre, poursuites endiablées, potences, tunique bleues, sièges, shérifs, adjoints, putes, vautours, famille Ingalls, parties de cartes, sierras et crampes d’estomacs (car si rire vaut un steack, ça fait aussi mal au bide) sont au programme de cet album joyeusement foutraque et totalement assumé…
Dès les premières pages, générique d’un film en cinémascope avec musique et ambiance sonore et poussiéreuse, il plonge le lecteur dans le bain avant que le héros récupère de sa folle chevauchée en buvant un p’tit café (what else?)… L’album est constitué de plusieurs histoires courtes dont chacune est percutante et efficace et qui, mises bout à bout, forment une grande histoire comique et débridée, drôle de la page de garde au quatrième de couverture, avec une couverture qui n’est pas en reste (Santiago vs santiags, le duel du siècle)… Et il y a cette fin, grinçante, ouvrant sur un nouveau générique qui boucle la boucle de façon savoureuse et mordante comme un crotale…
Son trait, léger, expressif et faussement sérieux immergent le lecteur dans cet ouest sauvage, violent et totalement azimuté… Les dialogues totalement loufdingues de B-gnet sont finement ciselés, son sens de l’absurde et du comique de situation proprement irrésistibles (mention spéciale générique de la petite Maison dans la Prairie, pardon, dans les cactus, légèrement tronqué pour le coup
)… D’ailleurs, pourquoi y résister? Et si l’auteur travaille pour une foultitude de magazines d’humour caustique (de
Mauvais Esprit en passant par
Psykopat, de
Fluide Glacial à Aaaarg), ce n’est pas pour rien! Il est doué, le bougre!
B-gnet oblige, Santiago est un album totalement azimuté et joyeusement foutraque qui vous fera passer un très agréable moment pour peu que vous soyez amateur de western et d’humour drôle… Typiquement le genre de livre qu’on ne peut lire sans être secoué de rire, tel un bison des plaines épileptique (private joke)…
Si on achève bien les chevaux, je vous le dis compañeros, Santiago est indéniablement le western le plus rôle à l’ouest du Pecos…