Le Transfert referme une captivante trilogie médiévale signée par le prolifique Frank Giroud et mis en image par le talentueux Paolo Grella, dessinateur notamment du Manuscrit Interdit…

Le conte Galohan Galkiddek a sombré dans la folie lors de la mort de sa femme. Depuis, il se comporte en tyran. Lorsqu’il découvre un beau jour une statue, réplique parfaite de son amour disparu, il conçoit le blasphématoire projet de ramener Eloée d’entre les morts, avec l’aide du mage Alcantor.

Mais leur expérience occulte tourne au fiasco , condamnant Lillewyn, fille d’un seigneur occis par le conte. Branag, le fidèle bras droit du conte, reçoit l’ordre de la tuer, mais il ne peut s’y résoudre et désobéit à son seigneur. Dans l’ombre, Alcantor veille et met en œuvre un plan machiavélique patiemment préparé… Car derrières ses échecs se profilait déjà l’ombre de sa vengeance…

Le troisième acte de ce drame médiéval s’avère particulièrement tragique. Il ne suffisait pas à Alcantor de tuer Galohan Galkiddek. Il lui fallait le voir souffrir comme il l’avait fait souffrir, le torturer tant physiquement que psychologiquement avant de le mettre à mort. Au fil des pages, le lecteur apprend peu à peu comment Alcantor, manipulateur sans scrupules, a planifié sa sinistre vengeance, donnant à voir le récit des deux premiers actes sous un éclairage subtilement nuancé. On se laisse une fois de plus captiver par cette histoire remarquablement bien menée où s’exacerbent les sentiments, de l’amour à la folie, en passant par la haine…

Et que dire du formidable travail graphique de Paolo Grella sinon qu’il est en parfaite osmose avec le récit, accentuant son ancrage théâtral. Son trait, nerveux et épuré, immerge le lecteur dans un moyen-âge fantasmé particulièrement convaincant, esquissant d’oppressantes ambiances à la pointe de ses pinceaux… Et il y a cette couverture, une fois encore superbement composée, qui attire immanquablement l’œil du chaland…

Frank Giroud et Paolo Grella achèvent une trilogie de médiévale-fantasy particulièrement réussie. Porté par des personnages aux caractères bien trempés et un dessin doté d’une forte personnalité, le rideau tombe, après trois actes denses et prenants.

Cette première incursion de Frank Giroud dans un univers médiéval est indéniablement une réussite et nous ne pouvons qu’espérer qu’il nous entraîne quelques fois encore dans un moyen-âge teinté ou non de magie et de sortilèges indicibles…