



Mieux qu’un long discours, la superbe couverture de
Rumble pose avec une redoutable efficacité le décor d’urban-fantasy qui baigne ce récit littéralement envoûtant.
Tout commence lorsqu’un épouvantail armé d’une épée longue entre dans un bar miteux pour achever un client à qui il a déjà coupé un bras… Ce faisant, il plonge une ville américaine dans un conflit plusieurs fois millénaire…
Bobby, barman un brin looser, va malgré lui être entraîné dans cette guerre sans merci que se livrent des dieux anciens et oubliés… Après une longue absence, Rathraq, le dieu-guerrier déchu est de retour et il de bien méchante humeur…
John Arcudi, qui a signé les scénarios de l’excellent
Lobster Johnson, de
Witchfinder ou de
Hellboy avec Mike Mignola (excusez du peu) retrouve donc James Harren avec il travailla sur
B.P.R.D. et
Abe Sapien, avec ce même Mike Mignola… C’est dire s’il a été à bonne école! C’est en solo cette fois qu’il signe le scénario hallucinant de cette nouvelle série qui démarre sur les chapeaux de roues…

Le pitch de l’album est tout à la fois savoureux, décalé et intrigant… Et, sitôt l’album entamé, il devient impossible de le reposer avant de l’avoir achevé…
Dès les premières pages, après un prologue décalé à la Tarantino, le lecteur est plongé dans une ambiance d’urban-fantasy particulièrement savoureuse, alliant avec brio aspects tragiques et éléments comiques… Le tragique s’incarne dans le personnage du dieu déchu revenu pour se venger de ses geôliers… Les ressorts comiques viennent tant du personnage de Bobby, plongé malgré lui dans cette histoire qui le dépasse, que de son copain qui s’éclate à découvrir que la terre sert de champ de bataille à des dieux anciens... Ce mélange de tragédie et d’humour débridé confère à l’album une coloration fun et réellement savoureuse et ce d’autant que le dessin parvient à retranscrire ces deux composante de façon épatante…
James Harren signe des planches de toute beauté. Son trait incroyablement dynamique et délicieusement cartoonesque fait merveille, complétant de façon saisissante le scénario inventif et jubilatoire de John Arcudi. Rehaussé par les formidables couleurs de Dave Stewart, son encrage dynamique et appuyé et ses cadrages soignés confèrent à l’album une identité graphique forte… James Harren a réalisé un formidable travail de recherche graphique tant sur les décors que sur les personnages.

La personnalité de chacun transparaît dans son apparence, à commencer par celle de Rathraq lorsqu’il est représenté dans son fragile corps d’emprunt fait de paille et de tissu…
Avec cette fable urbaine alliant avec efficacité drame et légèreté, John Arcudi, James Harren et Dave Stewart signent un album fun et captivant qui revisite les codes du genre de façon jubilatoire et déjantée.
Avec une déconcertante facilité, ils entraînent le lecteur dans un univers dense et foisonnant particulièrement enthousiasmant. Dessin et scénario sont en parfaite osmose, se complétant et s’enrichissant mutuellement, et le plaisir pris par chacun des auteurs à la réalisation de cet album s’avère pour le moins communicatif…
Gros coup de cœur pour cette sérié enthousiasmante dont la thématique et l’ambiance délicieusement fun et décalée n’est pas sans évoquer d’excellents souvenirs rôlistiques… Vivement la suite!