Près de dix ans après la parution du premier tome, Jérôme Felix et Paul Gastine concluent leur diptyque où action, histoire et ésotérisme se côtoient pour un cocktail sulfureux…
Septembre 1938. Alors que le spectre de la guerre étend son ombre menaçante sur l’Europe, Constant met tout en œuvre pour retrouver Juliette, une jeune femme qui l’obsède et qui apparaît sur une toile peinte par Nicolas Poussin en 1638… Il n’est pas le seul... Les nazis sont persuadés que les Bergers d’Arcadie est une toile ésotérique qui contient les clefs pour invoquer et asservir le Diable… et tout laisse à penser qu’il se serait incarner en Juliette en 1306 lorsqu’il a été invoqué pour la première fois.
Plusieurs factions s’agitent autour de ce tombeau alors que sont dévoilés un à un les mystères de Rennes-le-Château et que s’ourdie dans l’ombre une machination patiemment construite pour servir un but occulte…
Jérôme Felix poursuit avec délectation son audacieuse construction scénaristique qui mène le lecteur et ses personnages par le bout du nez pour un mensonge vertigineux… Patiemment, par petites touches, il déconstruit brique par brique, le mystère de Rennes-le-Château, puisant dans l’
Enigme Sacré,
La clef du Mystère de Rennes-le-Château ou
Rennes le château, une affaire paradoxale matière à tisser un récit fictionnel qui s’éloigne des sentiers battus… Le deux premiers tomes ancraient la série dans une veine pulp, façon Indiana Jones, pour glisser peu à peu vers l’ésotérisme et le fantastique… Le troisième tome semait le germe du doute quant à la véracité des faits exposés alors que ce quatrième et dernier opus voit le récit glisser vers le rationnel, délaissant peu à peu les éléments fantastiques et occultes pour faire apparaître un complot vertigineux d’envergure mondiale…
Loin d’être mort en 1915 comme le stipule sa biographie officielle, l'abbé Henri Boudet continue de tirer les ficelles dans l’ombre, tel un joueur d’échec, n’hésitant pas à sacrifier ses pièces pour servir son but et ses sombres desseins et mettre à bas le terrifiant régime nazi…
Solidement charpenté et solidement documenté, le récit choral de Jérôme Felix s’avère parfaitement maîtrisé. Il prend avec malice le lecteur à contre-pied pour un final en deux temps pour le moins surprenants et inattendu qui relie les événements de la série à l’Histoire de façon tragique et délicieusement impromptue…
La couverture de l’album est une fois encore superbe, faisant montre du talent d’illustrateur de Paul Gastine. Ce jeune dessinateur qui signe avec
L’héritage du Diable sa première série n’a cessé de progresser au fil des tomes, mettant en scène avec une redoutable efficacité le récit concocté pour lui par Jérôme Felix… D’inspiration cinématographique, son découpage s’avère particulièrement dynamique et efficace alors que la mise en couleur très lumineuse signée par la talentueuse Scarlett Smulkowski souligne avec brio l’atmosphère de chaque scène…
Apocalypse, quatrième et dernier tome de la série, est l’album des révélations, justifiant pleinement son titre…
Jérôme Felix et Paul Gastine concluent avec talent leur récit d’aventure qui mêle avec malice histoire, action et ésotérisme… Ils déconstruisant briques par briques les mystères de Rennes-le-Château qui firent couler tant d’encre, estompant peu à peu les éléments fantastiques dont ils avaient truffé leur récit pour mieux prendre le lecteur à contre-pied…
L’héritage du Diable est une saga ésotérique audacieuse et captivante où action, histoire et occultisme se mêlent dans le creuset alchimique de Rennes-le-Château… Pour notre plus grand plaisir!
(*)Gaston Bachelard