Vingt ans après la publication du premier tome, le prolifique et talentueux Stephen Desberg se propose d’écrire la suite, ou plutôt le préquel, de
l’Etoile du Desert, originellement mis en image par le talentueux Enrico Marini. Ce dernier passe le relais à Hugues Labiano dont le trait semi-réaliste a fait merveille dans le cynique mais lucide
Black Op, déjà scénarisé par Desberg…
L’action s’amorce quelques années avant le récit originel. Sans raisons apparentes, un groupe de colons est massacré par des cowboys. Seule une petite fille en réchappe, grâce à la présence d’un indien. Son père et elle reviendront plusieurs années plus tard pour que s’accomplisse la volonté du Très-Haut…
Etoile du désert et sa tribu attendent le retour des bisons. Souffle du Matin, disciple de l’homme-médecine est amoureux d’elle mais elle semble lui préférer Ours Brun, un valeureux guerrier.
C’est avec un réel plaisir que l’on se replonge dans ce western crépusculaire imaginé par Stephen Desberg dans les années 90. Dès l’amorce du récit, on est séduit par la savoureuse idée de mettre en scène le personnage dont l’ombre plane sur le diptyque originel sans qu’on ne l’aperçoive : Etoile du Désert qui prend corps et chaire dans ce troisième tome… Elle apparaît comme une personne farouchement indépendante libre de ses choix et de ses actes.
Comme de coutume avec les œuvres de Stephen Desberg, les personnages sont au cœur d’une histoire sombre et violente. Chacun d‘entre eux ont fait l’objet d’un soin tout particulier, tant sur leur apparence que sur le profil psychologique, souvent tourmenté ou «habité»… Cette galerie de personnages riches et denses accentue la crédibilité et la force de ce récit choral solidement charpenté, esquissant des liens entre les différents protagonistes et jetant des ponts avec le diptyque originel, notamment par le truchement de rêves hallucinés…
Le scénariste se plait à appuyer sur les plaies béantes de la nation américaine, ou un puritanisme puissamment ancré s’oppose à une société où la loi du plus fort règne en maître… Il reprend la thématique qui constituait l’ossature du récit originel, à savoir le choc culturel entre deux peuples, alors que s’esquisse le génocide indien…
Graphiquement, Hugues Labiano signe un album de haute tenue. Le trait anguleux et semi-réaliste si caractéristique du dessinateur met en scène de façon saisissante ce western crépusculaire. Rehaussé par les couleurs toujours impeccables de Jérôme Maffre, ses planches joliment composées ouvrent sur des paysages grandioses…
Avec ce troisième tome, Stephen Desberg signe un western crépusculaire cruel et violent dont l’action se situe plusieurs années avant les faits relatés dans le diptyque originel. Dans ce nouveau cycle, Hugues Labiano prend avec brio la suite d’Enrico Marini, signant des planches somptueuses rehaussées par les superbes couleurs de Jérôme Maffre.
Le scénariste met en scène une galerie de personnages tragiquement humains, amorçant un récit choral prometteur, tissant des liens avec les deux premiers tomes et dévoilant au lecteur la vie d’Etoile du Désert qui a donné son nom à la série et qui n’était jusqu’alors qu’évoqué…
Un nouveau cycle d’ores et déjà incontournable pour les amateurs de western…