Il y a fort longtemps qu’un album de bande-dessinée ne m’avait pas autant fait rire… cela doit remonter au dernier Walhalla de Nicolas Pothier et Marc Lechuga et c’était en 2015. Ce premier tome d’un jour Sans Jésus inaugure une série jubilatoire et déjantée qui nous entraînent aux origines du christianisme…

Jérusalem, dimanche de Pâques, an 33 après JC. La rumeur enfle de façon inexorable dans la ville bientôt trois fois sainte: le corps de Jésus a disparu… Même mort, le bonhomme continue à faire des siennes!
Si Jean semble croire au miracle de la résurrection prophétisée, il semble bien être le seul! Pour les apôtres, Pilate, Judas le Galiléen, Hérode, les marchands du Temple et les autres, cela ne fait pas un plis : le corps du Christ a été volé… Volés, oui, mais par qui? Tout le monde semble avoir un intérêt à avoir commis pareil forfait!

Après avoir mis en scène la vie de d’Artagnan, l’incroyable coup d’état de Malet ou ceux inextricablement lié d’Elisabeth de Marie Stuart et l’intrigant Fouché (paru aux Arènes en ce début d’année), ce passionné d’Histoire qu’est Nicolas Juncker s’empare de la vie du Christ, ou plutôt de son corps, en l’occurrence,

Avec un humour irrésistible et un sens du burlesque savoureux, il nous invite à Jérusalem, au troisième jour après la crucifixion… Oui, celui-là même où le Christ est censé avoir ressuscité… Oui mais voilà, tout laisse à penser que son corps a tout simplement été volé… Et cela sème une joyeuse pagaille dans les ruelles de Jérusalem… Tout le monde soupçonne toute le monde d’avoir commis ce crime : les Judas et ses zélés Zélotes pour déclencher leur Révolution contre Rome, Pilate, pour avoir un prétexte pour éliminer les Zélotes, Hérode pour faire plaisir à sa sulfureuse Salomé, les marchands du temple pour vendre de précieuse relique (après, ils n’ont guère besoin d’un corps pour vendre mille et une rotules), les onze apôtres (eh oui, Judas l’Iscariote n’est plus) pour faire croire à la résurrection… à moins qu’il ne l’aient boulotté tel qu’il a été dit dans le biopic écrits par Matthieu et quelques autres! Pour compliquer les choses, on ne peut pas dire qu’une franche entente existe entre les apôtres qui se remettent difficilement de la mort de leur messie…

Contexte oblige, on songe à la Vie de Brian des fabuleux Monty Python mais, comme le souligne l’éditeur, il souffle aussi un esprit très Kaamelott sur cette jubilatoire série et ses délicieux running-gag… sans oublier un petit quelques chose de la série 24 heures puisque chacun des six tome de la série balayera deux heures de cette incroyable journée …

Le dessin déjanté de Chico Pacheco (Trop Mortel, Vietnam…) s’avère tout juste parfait pour mettre en scène cette histoire délicieusement iconoclaste et absolument irrésistible. Caricatural et incroyablement expressif, son trait met en scène cette truculente galerie de personnages bibliques de façon pour le moins convaincante… Sa mise en scène très théâtrale est sans nul doute l’un des (nombreux) atouts de cette série particulièrement enthousiasmante!

Mélangeant allégrement les références, truffant son récit d’anachronismes savoureux, de références décalée à notre monde contemporain et de répliques impromptues, Nicolas Juncker signe un album iconoclaste et déjanté qui, s’il causera des crises d’apoplexie aux participants à la manif pour tous, fera se tordre de rire tous les autres… Prouvant combien il est bon et salutaire de se moquer de tout, y compris des religions!

Prévu en six tomes qui paraîtront (miraculeusement?) à un mois d’intervalle et porté par le dessin expressif et délicieusement caricatural de Chico Pacheco, ce jour sans Jésus s’avère une série originale et joyeusement déjantée qui revisite avec humour la journée cruciale qui changea la face du monde…