Les meilleures choses ont hélas une fin… Parmi celles-ci, la série Doggybags don’t c’est le treizième et dernier tome… Et il était temps, les traditions se perdent et tout part en sucette! Car il n’y a pas trois mais quatre histoires courtes pour frissonner d’horreur et de plaisir malsain…
A tout seigneur tout honneur, Run et Florent Maudoux ouvrent le bal avec un récit court où un porte flingue de la mafia qui, pris d’une soudaine crise morale, s’en va à confesse, des fois que Dieu existe… Court mais superbement réalisé, les lecteurs les plus exigeants apprécieront le cynisme et l’histoire et la virtuosité de cet incroyable dessinateur…
Slaughter House Blues nous compte les mésaventure d’un flic ripoux viré pour violence et extorsion qui bosse pour des mafieux sans scrupules… Le passé va se rappeler à lui… il va même se le prendre en pleine gueule… C’est avec un réel plaisir que l’on retrouve le trait nerveux et acéré d’Aurélien Rosset qui s’était fait connaître en signant le saisissant
Emprise… Ses planches sont superbes de dynamisme, servant remarquablement le récit percutant d’Anthony Calla…
Killer Klowns from DA-Hood est une délicieuse et glaçante variations autour des clowns tueurs… Une bande d’ados désœuvrée décide de mettre fin aux agissements de ces clowns qui terrorisent la population de Detroit… Mais tout ne se passera pas exactement comme prévu… Comme de coutume, le récit sombre et dérangeant bifurque subitement vers des horizons inattendus…
Ecrit à quatre mains par Run et Tanguy Mandias,
Sang et Encre est une nouvelle mettant en scène une jeune fille un brin paumée qui, désireuse d’affirmer sa différence, va confier son corps à un tatoueur doué… sa vie va en être changée à jamais…
Dans
Time Scare, Run évacue le traumatisme post-attentat à sa façon en signant un récit nerveux, sombre et sanglant particulièrement percutant : l’histoire d’un flic persuadé qu’un terroriste pourrait profiter des déguisement dans lesquels déambulent les gens sur Time Square pour perpétrer un mass-murder presque en toute impunité… Viré de la police pour violence aggravée, il va peut a peu sombrer dans la dépression et montrer combien il avait raison en perpétrant lui-même l’attentat tant redouté… Run en profite pour égratigner au passage le tout sécuritaire qui ne fait que donner l’illusion de la sécurité et Trump dont l’abjecte réflexion après l’attentat du Bataclan se voit ici à peine exagérée…
Les récits sont complétés par les traditionnelles pubs délicieusement décalées, des faits divers biens réels venant illustrer telle ou telle histoire, et un superbe cahier graphique retraçant l’histoire de Doggybags… Ah, j’oubliais une rubrique nécrologique annonçant le décès de tous les héros des tomes précédents, involontaires victimes de l’esprit torturé des scénaristes de la série…
Doggybags aura été de bout en bout un projet éditorial audacieux, véritable bac à sable pour scénaristes inventifs et dessinateurs virtuoses…
C’est non sans un petit pincement au cœur que nous refermons ce treizième et dernier tome tant chacun des récits, faisant comme il se doit la part belle à la violence et à l’humour grinçant, nous a enthousiasmé… Nous ne manquerons pas de suivre avec un plaisir jubilatoire chacun de ces auteurs dans leurs projets à venir…
Doggybags n‘est plus… mais putain! Quelle(s) aventure(s)!
C’est bon vous avez versé votre larme? Alors… rangez vos mouchoirs! L’aventure ce Doggybags n’est pas vraiment une fin, mais l’amorce de deux séries: Doggybags présente et Doggybags one Shot… Doggybags est mort, vive Doggybags!
(*) sur un air lancinant des Doors