A peine un mois après la publication du jubilatoire premier tome de la série, voilà que paraît le second livre qui relatent avec un irrésistible humour les 24 heures (chrono) qui suivirent ce mystérieux événement…

Depuis que le corps de Jésus a mystérieusement disparu de son tombeau, c’est peu dire qu’il règne une joyeuse pagaille dans les ruelles de Jérusalem… Car la rumeur qui ne cesse d’enfler depuis quatre heures n’en est plus une : la tombe de Jésus est bel et bien vide! Même mort, il n’en finit pas de faire parler de lui!

L’affaire est d’autant plus épineuse que les suspects sont légions ( ) : les marchands du Temple pour le vendre en pièces détachées façon puzzle, ces cannibales anthropophages d’apôtres qui l’auraient exhumé pour le manger comme il l’avait annoncé lors de la Cène, Judas et ses zélés Zélotes pour donner le signal de la révolte contre Rome (d’autant qu’il a expédié à chacune des 12 tribus d’Israël les fragments d’un corps qui a tout lieu d’être celui du Christ), Hérode pour décapiter son corps et offrir sa tête sur un élégant plateau à la belle (et insupportable) Salomé pour poursuivre la récent tradition inaugurée avec Jean le Baptiste?

Loin de s’en (re)laver les mains, Pilate comprend que cette affaire de disparition est en train de tourner au vinaigre… D’autant que pour ne rien arranger les murs de son palais sont en train de s’effriter! Alors que Jean, un brin illuminé, est fermement décidé à passer à la postérité avec son bouquin, des heures assez sombres s’annoncent pour les apôtres rescapés…

Ceux qui pensaient que les choses allaient se calmer dans la Jérusalem pas encore tout à fait deux fois sainte se fourraient le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate! Le chaos esquissé avec le truculent premier tome ne fait que prendre de l’ampleur et tout laisse à penser qu’il est loin d’avoir atteint son paroxysme!

Nicolas Juncker parvient à maintenir le rythme échevelé du premier tome, enchaînant les gags burlesques et les situations cocasses, le tout porté par des dialogues truculents et des running-gags irrésistibles (tels es frères Jacques -comment ça ils ne sont pas frères?- et les mille et un Judas qui brouillent les pistes)… Chacun dans leur coin, seuls ou en tandem, les apôtres tentent de retrouver le corps de leur défunt maître tout en s’efforçant d’échapper à leurs poursuivants dont le nombre va en grandissant depuis que l’infâme rumeur de leur anthropophagie se répand dans les ruelles de Jérusalem… Dur, dur d’être un apôtre en ces temps troublés!

Le dessin irrésistiblement expressif de Chico Pacheco est en parfaite osmose avec le récit iconoclaste et débridé de Nicolas Juncker… Les trognes délicieusement théâtrales de ces futurs personnages bibliques accentuent l’aspect burlesque et totalement déjanté de la situation… Et que dire de ses cadrages cartoonesques et dynamiques sinon qu’ils font montre de sa grande maîtrise des codes narratifs de la BD…

Les lecteurs attentifs savent combien le premier tome de la série nous avait emballé… Clairement, ce second livre maintient le cap tant les auteurs enchaînent gags, les dialogues déjantés et les situations aussi cocasses qu’improbables à un rythme soutenu, sinon échevelé!

Porté par le dessin cartoonesque de Chico Pacheco, Nicolas Juncker poursuit son scénario iconoclaste, irrévérencieux et joyeusement foutraque, entraînant le lecteur dans les coulisses de la fameuse résurrection pour un récit se déroulant en 24 heures chrono, dans un esprit proche tant de celui des Monty Python que du Kaamelott de Alexandre Astier…

Les quatre prochaines heures s’annoncent mouvementés, d’autant qu’Hérode, pour régler ses problèmes de couples, va débarquer à Jérusalem, et que, contre toute attente, Jésus semble bel être revenu du royaume des morts… A moins que…

(*) sur un air connu d’une chanson de Gilbert Bécaud