Voilà à peine huit heures que le corps de Jésus a mystérieusement disparu de son tombeau… et il règne déjà un joyeux bordel à Jérusalem…
Dans les épisodes précédents…
Jérusalem, dimanche de Pâques de l’an 33… Le corps crucifié de Jésus Christ ne repose plus dans son tombeau… Tout le monde suspecte tout le monde d’être l’instigateur de cette mystérieuse disparition… Mais les enquêtes piétinent…
Pilate suspecte les zélotes d’avoir subtilisé le corps à des fins bassement politiques pour amorcer leur révolution contre l’occupant… Thomas est lui persuadé que les vénaux marchands du Temple ont débité le corps pour le vendre en pièce détachée sous forme de reliques de première main. Pierre, Simon et Thaddée ont cru comprendre que Judas le Galiléen a volé et débité le corps pour en expédier un morceau à chacune des douze tribus pour en déclencher l’insurrection. Matthieu est lui plus ou moins convaincu qu’Hérode le Grand a envoyé deux hommes voler le corps pour offrir sa tête sur un (joli) plateau à la belle et sulfureuse Salomé…
Pour ajouter à la confusion, c’est un Jésus bien vivant que Philippe et Barthélémy retrouvent alors que la populace est persuadée que les apôtres sont d’infâmes anthropophages qui ont boulotté leur messie comme annoncé dans la Cène…
Vu comme ça, sûr, on pourrait avoir l’impression fugace que c’est du grand n’importe quoi qui part dans tous les sens et revisitent façon
Vie de Bryan sous acide ce jour qui changea la face du monde…
Et le fait est que c’est du grand n’importe quoi… Mais parfaitement maîtrisé… N’allez pas chercher je ne sais quelle véracité historique ou même biblique dans cette série joyeusement azimutée… Les personnages principaux sont certes là, même l’inquiétant Paul, rebaptisé le Persecutor pour l’occasion, qui pointe le bout de son nez et ses imposants biceps… mais tous sont utilisés de façon pour le moins interlope… Entre ceux qui rédigent à la va vite un biopique de Jésus, Pilate qui pète légitimement une durite alors que ses hommes jouent de la trompette façon jazz band de Jéricho (histoire de vérifier la solidité des murs du palais) à ceux qui cherchent à trouver les fragments du corps et celui qui prétend plus ou moins être Jésus ressuscité et qui n’est pas sans évoquer Garcimore, un magicien que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître…
Sans oublier les sadducéens qui entrent dans la danse sur les coups de 14 heures, histoire d’ajouter un peu au chaos ambiant…
Le rythme est plus soutenu encore que dans les deux précédents et on se laisse à nouveau entraîner dans le rythme virevoltant de ce récit iconoclaste et irrévérencieux qui nous donne à voir la résurrection telle qu’on ne l’avait jamais vue… Et l’album se referme une fois encore sur un cliffhanger intrigant qui accentue l’envie irrésistible de dévorer la suite…
Le dessin de Chico Pacheco est comme de coutume formidablement expressif et dynamique, mettant en scène avec une redoutable efficacité le scénario totalement déjanté de Nicolas Juncker. Les transition entre les différents groupe d’apôtres sont parfois un brin brutales et il faut une ou deux cases d’adaptation au lecteur pour se replonger dans l’arc narratif en question… Mais la trogne des apôtres est suffisamment identifiable pour qu’on ne soit pas perdu dans le maelstrom d’événements, conséquences directes de la disparition du corps…
Porté par le trait cartoonesque expressif d’un Chico Pacheco très inspiré et des dialogues loufoques et résolument modernes, ce quatre nouvelles heures suivant la disparition de la dépouille de Jésus se poursuivent sur un rythme plus soutenu que jamais.
Truffé de références en tous genre, avec des clins d’oeils appuyés à Astérix, ce récit déjanté de Nicolas Juncker s’avère être un mélange entre les œuvres des Monty Python, du Kaamelott d'Alexandre Astier et de 24 heures chrono pour son timing nerveux… Bref, un OVNI irrésistible et iconoclaste à côté duquel il est bien impensable de passer…