




Pour ce second reboot, Olivier Vatine cède la place à Fabien Vehlmann qui cosigne le scénario avec Lewis Trondheim alors qu’Olivier Balez qui se charge de la (somptueuse) partie graphique… Et qui dit nouvelle mission dit nécessairement nouvel agent…
Malgré leur succès tout relatif, les missions de Yoko Keren et Stella Moonkicker ont quelque peu clarifié la situation : Kornaliens et aspirants nazis ont été neutralisé (parfois in extremis!), laissant au capitaine la possibilité d’activer une nouvelle trame temporelle et d’y lancer un nouvel agent pour enquêter sur la nécropole qui entrave la progression de l’Infinity 8.
Pacifiste, pieuse, redoutable combattante respectueuse de la hiérarchie et des traditions, le Marshall Emma O’Mara sera cette nouvelle agente... Mais les apparences sont parfois trompeuses et O’Mara n’a rien de l’agent intègre… Elle est plutôt du genre intégriste! Elle sait que parmi les sépultures se trouve le dernier évangile de Tholman, vénéré par les membres de sa secte. Elle compte bien mettre la main sur ces saintes écritures qui pourraient bien mettre un terme à la guerre sainte qui déchirent les multiples églises tholmaniste. Persuadée de servir une juste cause, elle ne reculera devant aucun dommage collatéral pour mener à terme sa sainte mission …
Mais pour financer cette expédition, elle s’est uni à des pilleurs de tombes sans foi ni loi qui poursuivent eux même des objectifs pas toujours avouables… L’expédition tourne rapidement au massacre… Mais le pire est à venir!

C’est peu dire que les auteurs prennent le lecteur à contre-pied avec ce troisième tome, envoyant aux orties un schéma narratif qu’on avait tort de croire bien établi… Car si le capitaine de l’Infinity 8 envoie bien un nouvel agent poursuivre l’enquête amorcée par Yoko Keren et Stella Moonkicker, Emma O’Mara n’en a cure!
Car loin de se soucier de la mission qu’on lui a confiée, la nouvelle O’Mara va jouer sa propre parti-tion et sa traîtrise sera révélée de façon fracassante dans les premières pages de l’album. Elle abat de sang-froid le lieutenant Reffo et coupe les vannes de renouvellement de l’eau du capitaine, le condamnant à une mort aussi certaine qu’atroce… Mais lorsqu’on pense œuvrer à la paix univer-selle, que sont ces quelques vies sacrifiées au regard de l’enjeu?
Cette note de mysticisme apporte une dimension savoureuse à ce space-opéra qui semble se faire un brin moins déjanté que dans les précédents albums tout en conservant sa fraîcheur inimitable et son inventivité débridée!

Le dessin généreux et délicieusement vintage d’Olivier Balez ancre l’histoire dans les récits SF des sixties. Pour donner chair à son Emma O’Mara, le dessinateur s’est inspiré de la troublante et sensuelle Emma Peel, héroïne de
Chapeau Melon et Bottes de cuir, série des années 60 mêlant allégrement espionnage, action et SF dans un esprit délicieusement pulp. Et le fait est que cela fonctionne particulièrement bien! Au fil de l’album, il s’amuse à la vêtir de mille et un costumes tous plus sexy les uns que les autres… Mais que diable! Les costumes moulants de l’agent Pells (les fameux et inoubliables « emmapeelers ») n’ont-ils pas durablement influencé la mode des années 60?
Fabien Vehlmann, Lewis Trondheim et Olivier Balez nous livrent une nouvelle trame temporelle délicieusement pulp & vintage…
Les scénaristes prennent un malin plaisir à prendre le lecteur à contre-pied en mettant en scène une nouvelle héroïne (toujours aussi sexy!) qui se moque éperdument de la mission que lui a confié le capitaine de l’Infinity 8 et poursuit une quête mystique visant à rétablir un ersatz de paix dans le monde, se moquant éperdument des dégâts collatéraux…
Mais en s’associant à des trafiquants sans foi ni loi, sa mission mystique va tourner au carnage et de fracassantes révélations vont fortement ébranler ses convictions!
Fort heureusement, elle parviendra à enrayer la machine infernale qu’elle a elle-même mis en branle, permettant à Lewis Trondheim et Kris d’œuvrer au prochain reboot… Et qui dit nouveau reboot dit nouvel agent : ce sera Patty Stardust (fille spirituelle de Ziggy Stardust de Patti Smith?), dans un look très seventees concocté par le talentueux Martin Trystram… Rendez-vous courant mai!
