Mathieu Gabella poursuit son récit de super héros baroque et fantastique qui prend place dans un Paris médiéval fantasmé… Si les dessinateurs restent les mêmes, Virginie Augustin cède ses crayons à Sylvain Guinebaud pour le storyboard alors que Jean-Baptiste Hostache cède ses pinceaux à Simon Champelovier pour la couleur.
Le Bourreau de Paris a vu ses certitudes s’émousser lorsqu’il n’a pu mener à bien sa dernière exécution… Il n’est plus le seul désormais capable de miracles… Ce mystérieux saltimbanque qui revêt un habit de Bouffon semble jouir du même don que lui… Le Parlement a ordonné son exécution… Mais pour mener à bien cette mission et utiliser son don, le Bourreau doit d’abord connaître son identité…
Mais il veut aussi comprendre pourquoi le don n’a pas fonctionné sur ce jeune garçon que le Bouffon est parvenu à sauver… Pour quelle raison les nobles semblent vouloir l’empêcher de mener ses investigations à leur terme?
Si tout semble lié, le bourreau ne parvient pas pour l’heure à assembler les pièces de cet énigmatique puzzle…
Le concept de Bourreau, chargé d’exécuter les sentences d’une assemblée de notables s’avère particulièrement savoureux, de par ce don lui permettant de convoquer sa victime à l’heure choisie pour exécuter sa sentence et le fait que son anonymat soit le garant de son invulnérabilité…
C’est peu dire que le scénario torturé concocté par Mathieu Gabella mettra la sagacité du héros et du lecteur à rude épreuve… Comme on s’y attendait, cet album verra la confrontation entre le Bourreau, héros torturé rongé par le doute, et le Bouffon, personnage flamboyant semblant désireux de sortir le bas peuple de la misère. Leur combat sera encore plus épique qu’attendu et la sagacité du Bourreau sera mise à rude épreuve…
Par le truchement de flashbacks captivants, le scénariste nous dévoile certains pans du passé de la vie de l’actuel Bourreau, de son âpre apprentissage à son désir de se venger de son maître qui a tué son amour… Ce faisant, il complète le portrait de ce personnage, faisant apparaître de lourdes fêlures qu’il cache tant bien que mal derrière son inquiétant masque…
Mais bien des questions restent encore sans réponses alors que sont dévoilés par petites touches les tenants et les aboutissants d’un complot vertigineux…
S’appuyant sur le storyboard concocté par Sylvain Guinebaud, le dessin est une fois encore de haute tenue. Le trait conjugué de Julien Carette et de Jérôme Benoît est saisissant de dynamisme, porté par des cadrages souvent vertigineux. Les décors concoctés par Jérôme Benoît immerge le lecteur dans un Paris médiéval fantasmé avec une redoutable efficacité. Il suffit de voir la planche qui ouvre l’album pour s’en convaincre! Bien que souvent masqués, les personnages mis en scène par Julien Carette s’avèrent très expressifs de par le soin apporté aux postures de chacun d’entre eux, traduisant avec efficacité les émotions ressenties.
En revisitant les codes des histoires de super-héros en les accommodant à la sauce médiévale, Mathieu Gabella a créé un univers baroque original et envoûtant, porté par un héros atypique persuadé de servir une cause juste…
Dans cet album superbement mis en image, le Bourreau voit s’effondrer ses certitudes alors que les règles qu’il découvre que les règles régissant sa sinistre profession reposent sur un mensonge… En coulisse quelqu’un souffle sur les braises d’une guerre ancienne et l’incendie pourrait bien embraser la capitale…
Suite et fin dans le troisième tome que nous attendons avec impatience pour connaître les tenants et les aboutissants de ce récit intrigant…