Ekhö monde miroir fait partie de ces séries pop-corn rafraîchissante qu’on lit avec un réel plaisir, tant pour l’originalité de l’univers esquissé par Christophe Arleston que pour le formidable dessin d’Alessandro Barbucci qui n’en finit pas de nous enthousiasmer…
New-York… La bomba latina Soledad vient de sortir son nouveau disque, déclenchant l’hystérie de ses fans et la colère d’un groupuscule presbytérien mené par le très médiatique révérend Fox…
Agressée lors d’un show-case où elle défendant le droit au libre choix en matière d’avortement, elle trouve refruge chez Fourmille Gratule, son agent… Après avoir un temps pensé annuler sa tournée dans le sud du pays, Soledad et ses musiciens, accompagnés de Fourmille, entament une tournée mouvementée qui les emmènera jusqu’à la Nouvelle-Orléans…
Toujours fou amoureux de la séduisante Fourmille et ne supportant plus leur étrange relation, Yuri a quant à lui décidé de s’éloigner d’elle, poursuivit par Sigisbert désireux d’écrire une thèse sur le complexe équilibre du flux d’énergie thaumique…
On ne boude pas notre plaisir de nous immerger une nouvelle fois dans l’univers joyeusement foutraque sorti de l’imagination débridée de Christophe Arleston, scénariste prolifique et éminemment éclectique à qui on doit notamment
Lanfeust,
Léo Loden ou
Chimère(s) 1887 (pour ne citer qu’eux!)… Au rythme de leur « je t’aime / moi non plus », Fourmille et Yuri poursuivent leur badinage amoureux alors que le scénario de ce présent opus nous entraîne sur la route 66 pour s’enfoncer dans le sud profond à la rencontre d’un révérend chrétien intégriste, hypocrite et moralisateur et de ses ouailles chauffées au fer blanc…
Pourtant, si le scénario de ce sixième tome reste entraînant et toujours aussi original et rafraîchissant, on reste un peu sur notre faim, le final fracassant du précédent album ayant laissé augurer une suite de plus grande envergure…
Graphiquement, l’album est une fois encore de haute tenue. Rehaussée par les couleurs de Nolwenn Lebreton, le trait sensuel et élégant d’Alessandro Barbucci fait une fois encore merveille… Mais ne fallait-il fallait pas le talent du dessinateur italien pour donner vie aux inventions déjantées du scénariste, tels ces véhicules hybrides, étranges et savoureux mélange du règne animal et de mécanique, ou ces bâtiments subtilement revisités à la sauce Ekhö…
Son découpage virtuose s’avère extrêmement fluide tout en accentuant le dynamisme des scènes d’action…
Christophe Arleston nous entraîne une fois encore (et pour notre plus grand plaisir!) dans l’univers drôle, décalé et joyeusement foutraque d’Ekhö, superbement mis en image par le trait dynamique et sensuel d’Alessandro Barbucci…
Après New-York, Paris, Barcelone, Los Angeles et Rome, les auteurs nous proposent de découvrir la Nouvelle-Orléans et le sud profond, mettant en scène de dangereux extrémistes dont les propos trouvent d’inquiétants échos () dans l’Amérique de Trump, alors que la relation entre Yuri et Fourmille sert de fil rouge au récit…
(*) sur l’air connu d’une chanson presque éponyme d’Eddy Mitchell