Terres de Légendes est indéniablement une collection qui va comme un gant à Olivier Milhiet tant chacune de ses séries esquisse les contours d’un univers si dense et foisonnant qu’il pourrait fort bien servir de cadre à un jeu de rôle!


Profondément cosmopolite, Venosa doit sa réputation à ses poisons et à ses drogues… Le roi Jaranis assiège la cité pour briser son emprise sur ses sujets et sur sa fille, totalement accroc à l’opalium…

Bien malgré lui, Épine, membre de la Guilde des Voleurs locale va se retrouver au cœur d’une bien sombre affaire... Alors que lui et sa bande de malandrins détroussaient honnêtement un marchand de passage, deux membres de la troupe sont pris d’une folie furieuse et massacrent joyeusement marchand et escorte… De quoi attirer l’attention de l’intransigeant régent, ce qui promet des heures sombres à nos braves voleurs…

Epine échaffaude un plan machiavélique et un brin amoral pour se sortir de la nasse où ils se sont jetés… Et lorsqu’ils trouvent dans le butin un coffre appartenant protégé par un puissant sortilège, nos détrousseurs comptent bien extorquer à son légitime propriétaire quelques menue monnaie pour lui restituer son bien… Une idée lumineuse qui pourrait bien avoir de bien fâcheuses conséquences…

Tout laisse à penser que le calme tout relatif qui règne dans les rues de Venosa ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir…

C’est toujours avec un réel plaisir que l’on se plonge dans les univers joyeusement déjantés d’Olivier Milhiet qui revient avec Venosa vers des ambiances à la Spoogue… Violence, gore, complots, lutte de pouvoirs et humour noir et grinçants sont bien évidemment au menu de ce premier tome bien barré où l’auteur prend un malin plaisir à prendre le lecteur à contre-pied en l’entraînant dans les ruelles de Venosa…

Difficile de ne pas être une fois encore épaté par la façon dont l’auteur parvient à dérouler un récit choral fluide mais tortueux tout en posant les bases d’un univers riche et foisonnant porté par des personnages et des dialogues pour le moins décalés et truculents… De Gargarine, chef des gens d’armes locaux et ses méthodes plutôt expéditives, au roi Jaranis, ferme mais désemparé, en passant par l’imposant Régent ou l’attachant et infortuné Epine…

Le dessin semi-cartoonesque d’Olivier Milhiet fait une fois de plus merveille. Le découpage de ses planches s’avère tout à la fois dynamique et fluide et sa Venosa s’avère pour le moins immersive. Le dessinateur a comme de coutume apporté un soin tout particulier à l’architecture de ses bâtiments ou aux costumes des différents protagonistes tout en donnant vie à une foule de personnage et de créatures hétéroclites qui immergent le lecteur dans un univers fouillé et cohérent.

Dès les premières pages, on ne peut qu’être conquis par le formidable travail de ce créateur d’univers qui tisse un récit choral aussi intrigant que captivant et nous entraîne avec talent dans les ruelles tortueuses et inquiétantes de la sombre Venosa…

Porté par une galerie de personnages truculent, des dialogues irrésistiblement décalés, assaisonné d’une bonne dose de violence, d’une once de magie et d’une pincée de gore, Olivier Milhiet pose les bases d’une série d’héroïc-que-fantasy pour le moins enthousiasmante dont on ne peut qu’attendre la suite avec une impatience jubilatoire…

Cinq cadavres sur le pavé, premier tome de la nouvelle série de ce formidable dealer d’histoire qu’est Olivier Milhiet, nous a d’ores et déjà rendu accroc!