Libertalia, colonie libertaire réelle ou fantasmée fondée par des pi-rates sur l’île de Madagascar alimente l’imagination de romanciers et scénaristes depuis sa première évocation dans
l’Histoire générale des plus fameux pi-rates signé par le capitaine Charles Johnson dont tout laisse à penser qu’il s’agisse du pseudonyme de Daniel Defoe…
Fabienne Pigière, Rudi Miel et Paolo Grella s’emparent de cette histoire pour en proposer une relecture aussi moderne qu’entraînante.
Issu des rangs de la noblesse, Olivier Misson est promis à un beau mariage et à un bel avenir… Pourtant il ne supporte plus le comportement ignoble de ses pairs et tente de défendre la cause des esclaves… Rien ne justifie selon lui qu’un homme, fut-il bien né, asservisse l’un de ses frères…
En tentant de délivrer des esclaves appartenant au conte Lionel de Saint-Jean, Mission le blesse grièvement et doit prendre la fuite. Sur les conseils de sa maîtresse, il gagne Marseille et embarque comme sous-officier à bord d’un navire dirigé de main de fer par le tyrannique capitaine Carpentier… Lors d’une escale à Rome, il va croiser Carraccioli, un prêtre avec qui il partage les idéaux de liberté.
Lors d’un sanglant combat contre un navire anglais, les officiers trouvent la mort et Misson prend le commandement du navire… Lui et son équipage combattront désormais pour la liberté et esquisser les contours d’une utopie libertaire…
Mais le conte de Saint-Jean a survécu à ses blessures et compte bien faire payer son affront à Misson, dû-t-il le traquer jusqu’au bout du monde…
Avant même de s’intéresser à l’histoire écrite à quatre mains par Fabienne Pigière et Rudi Miel, c’est la formidable couverture de l’album de
Paolo Grella qui attire l’attention du chaland. Superbe et lumineuse, elle représente Olivier Misson, un gentilhomme français abreuvé aux idées des lumières qui chérit la liberté et la justice…
Le dessinateur du
Manuscrit Interdit et de
Galkiddek signe une fois encore un album graphiquement somptueux. Energique et épuré, son trait s’avère une fois encore d’une redoutable efficacité, d’autant que sa mise en couleur est des plus soignée, posant avec maestria les différentes ambiances du récit… Le sens du découpage de Paolo Grella et ses cadrages énergiques font souffler sur le récit le souffle épique de l’Aventure et parviennent à adoucir des ellipses qui, entre les mains d’un dessinateur moins talentueux, auraient pu paraître abruptes.
Après une parenthèse de quelques années, Rudi Miel revient à la bande dessinée en compagnie de Fabienne Pigière, docteur en histoire, Art et Archéologie qui signe avec
Le triomphe ou la mort sa première BD. Les deux auteurs nous livrent un récit d’aventure historique entraînant et parfaitement maîtrisé porté par un personnage idéaliste qui va couper les amarres avec sa vie passée pour mettre en œuvre les idéaux auxquels il a consacré sa plume avant de choisir de les défendre, les armes à la main…
Rudi Miel et Fabienne Pigière s’inspirent de l’utopie libertaire réelle ou fantasmée esquissée par Charles Johnson alias Daniel Defoe dans son l’Histoire générale des plus fameux pirates pour tisser un récit d’aventure historique d’autant plus convainquant qu’il est mis en image par le virtuose
Paolo Grella…
Ce premier tome s’achève alors que l’équipage de gentilhommes de bonne fortune s’apprêtent à poser les bases de la colonie de Libertalia sur l’île de Madagascar…
Le triomphe ou la mort pose les bases d’une trilogie pour le moins entraînante et prometteuse…
(*) « Notre cause est une cause noble, courageuse, juste et limpide : c'est la cause de la liberté », mots attribué à Olivier Mission dans l’Histoire générale des plus fameux pirates