Philippe Richelle et François Ravard referment le troisième volet consacré aux sombres secrets de la République. Avec
Au nom de la France, ils reviennent sur les relations troubles qu’entretenait alors la France avec l’Afrique, au nom de « l’intérêt supérieur de la nation »…
1968. Verne poursuit les investigations qu’il n’avait pu mener à terme lorsqu’il était commissaire de police avec la ferme intention d’écrire un livre sur les liens troubles unissant la France et l’Afrique de l’ouest.
Monnayant finance, Raymond Simonin le remet sur la piste de Moreno, un homme d’affaire que Verne avait rencontré à Liberville quelques mois auparavant mais qui s’était alors montré peu loquace… Evincé d’un marché juteux, il va accepter de parler à Verne, lui faisant des révélations fracassantes sur l’implications d’obscures sociétés mandatées par le gouvernement français pour nouer des relations commerciales douteuses…
Ils ignorent que l’ex-commissaire Verne avait été placé sur écoute et les deux hommes vont se faire assassiner par des barbouzes…
Berlier, fraîchement nommé commissaire suite à la démission de Verne , va enquêter sur la mort de son ancien supérieur et tenter de tirer cette affaire au clair…
Si Peretti et Coste s’étaient sortis indemne de leur épineuses enquêtes, Verne va mourir pour s’être trop approché de la vérité, victime collatérale de la politique africaine de la France. Si bon nombre de personnages sont fictionnels, certains, tels le mercenaire anti-communiste Bob Bénard ou Izzo, sont clairement inspirés ou font références à des personnages bien réels, accentuant la crédibilité du récit.
Comme à l’accoutumée, Philippe Richelle signe un scénario solidement documenté et charpenté qui pointe du doigt les malversations de l’état français qui, pour défendre ses intérêts stratégiques et faire main basse sur le pétrole nigérien n’a pas hésité à s’asseoir sur le droit international. La chute, juste mais amoral, s’avère particulièrement percutante…
Si l’enquête est dense et tortueuse à souhait, elle n’en reste pas moins remarquablement fluide car remarquablement bien écrite et superbement mise en images par François Ravard, comme toujours très inspiré. Evoquant les polars des années 60, son découpage très cinématographique sert remarquablement l’action alors que son trait anguleux, encré avec élégance, met en scène une galerie de personnage hauts en couleur dotée de trognes impressionnantes. Succédant à Claudia Boccato sur ce dernier album, Bruno Pradelle signe une colorisation saisissante qui souligne avec efficacité l’ambiance des différentes scènes du récit…
Puisant dans une solide documentation, Philippe Richelle immerge le lecteur dans les zones troubles de l’histoire de France, exhumant des pratiques plus que douteuses de la République… Secondé au dessin par le talentueux François Ravard, le scénariste d’Amours Fragiles ou des Coulisses du pouvoir tisse une fiction froidement crédible porté par des personnages haut en couleur qui naviguent en eaux troubles…
Au nom de la France est un album particulièrement sombre et parfaitement orchestré qui mêle habilement politique, magouilles et enquête policière… Il referme une série aussi passionnante qu’édifiante qui ravira tant les amateurs de polars que d’Histoire…