Et voici, à peine un mois après le Livre V, l’ultime épisode de la saga biblique totalement azimutée sortie de l’esprit tortueux et débridé de Nicolas Junker et mis en image par le trait (très) expressif de Chico Pacheco…
L’histoire s’est perdue dans les méandres du temps, mais en ce Dimanche de Pâques de l’an 33 après Jésus-Christ, six heures avant le coucher du soleil, il régnait déjà un sacré bordel dans les ruelles tortueuses de Jérusalem… Et ce n’était pas prêt de s’arranger…
Les romains, avec leur tact si caractéristique ont mis la cité à feu et à sang, amorçant la guerre judéo-romaine qu’il souhaitait ardemment éviter… Les Saducéens, si discrets jusqu’alors, s’invitent à la fête, de même que le roi Hérode et Judas, le Zélote, pas l’Iscariote qui avait autre chose à faire.
Les infortunés apôtres recherchent encore et toujours désespérément le corps de leur messie et néanmoins ami, poursuivis par une foule hétéroclite mêlant juifs et romains, tous persuadés que les disciple du Christ ont bouloté leur prophète, conformément aux évangiles en cours de rédaction mais qui deviendront le best-seller que l’on sait.
Quant aux douze tribus (qui ont peut-être été un brin surévaluée par Judas), elles viennent d’arriver devant les remparts de Jérusalem, fermement décidé d’en découdre avec les romains…
Avec audace, irrévérence et une inventivité folle, Nicolas Junker revisite à sa manière les premières heures du christianisme, truffant son récit de clins d’œil irrésistibles et iconoclastes…
Sur un rythme endiablé, les nombreux et différents protagonistes de ce récit quasi biblique se lancent dans de folles poursuite qui va faire arriver tout ce beau monde au palais du gouverneur où Pilate poursuit tranquillement son burn-out… Il faut dire que c’est à lui que revient la difficile tâche de mettre un terme au bordel ambiant… A côté, Hercule et ses écuries d’Augias c’est de la bouillie de la roupie de sansonnet…
Pris un temps pour le corps du Christ, le puzzle 3D de Judas (le fameux traître) commence à se compléter peu à peu alors que l’autre Judas est un temps pris pour le messie, revenu d’entre les morts après s’être pendu… Tout va plus ou moins rentrer dans l’ordre, pour le plus grand plaisir de Pilate, Judas, Salomé, les marchands de plateaux et de reliques… Pour les apôtres rescapés, une nouvelle aventure peu commencer…
Formidablement expressif, le dessin de Chico Pacheco est encore une fois une petite merveille de dynamisme… Il donne vie à pléthore de personnages aux trognes improbables et totalement déjantés qui semblent s’entraîner au marathon tant ils courent dans tous les sens pour échapper à leur poursuivants ou rattraper les poursuivis selon les cas… M’est avis qu’un test anti dopage se révélerait positif pour bon nombre d’entre eux…
Et voilà donc que la première saison de 24 heures Biblique Chrono vient de s’achever après la folie furieuse qui s’est déchaînée sans discontinuer de la première page du Livre I à la dernière de ce Livre ci…
Nicolas Junker, auteur des excellents Malet, d’Artagnan, la Vierge et la Putain ou Fouché (séries chaudement recommandées à tous amateurs de BD historiques), referme donc son récit biblique aussi irrésistible qu’ irrévérencieux… Porté par le dessin énergique de Chico Pacheco, sa formidable galerie de personnages égratigne gentiment ces éminents personnages au cours de cette folle journée qui a profondément changé la face du monde…
Ainsi s’achève une série totalement déjantée à mi-chemin entre Kaamelott et La Vie de Brian… A ne manquer sous aucun prétexte si vous êtes amateurs d’humour décalé et de non-sens tout britanique…
Le coup du Christ, c’était l’apéro! Ces types vont bouffer tous les cadavres de la ville!Octavius, un brin débordé