Jean-Pierre Pécau nous entraîne dans les coulisses d’un film devenu culte d’une incroyable modernité malgré ces 90 ans…
1925. Fritz Lang débute le tournage de Métropolis avant même d’en avoir trouvé l’actrice principale… Ce sera Brigitte Helm, une jeune dactylo…
Alors que le nazisme est en marche, ses cadres perçoivent le formidable potentiel d’endoctrinement du cinéma et vont chercher à imposer Leni Riefenstahl, danseuse et réalisatrice gagnée à leur cause en lieu et place de Brigitte Helm…
Le cinéaste autrichien va avoir fort à faire pour échapper aux manœuvres d’intimidation des nazis et réaliser le film dont il rêve et empêcher cette production pharaonique de sombrer…
Décrivant une société dystopique déchirée entre la classe dirigeante et les travailleurs,
Métropolis se veut une fable où la réconciliation pacifique des groupes sociaux serait possible. Ce faisant, il préfigure d’une certaine façon le fascisme à venir, comme le suggère la fin de l’album et sa mise en abîme glaçante…
En inscrivant
Métropolis dans son contexte historique précis, Jean-Pierre Pécau nous montre comment, dans cette époque troublée, faire un film relevait de l’acte politique. Le scénariste nous brosse le portrait d’un cinéaste habité qui tente envers et contre tous de donner corps à son rêve, n’hésitant pas pour se faire à malmener ses acteurs pour arriver à ses fins… Avec malice, le scénariste nous entraîne dans les coulisses de certaines scènes culte du film, telle la danse sensuelle d’une Brigitte Helm très dénudée, celle où les infortunés travailleurs sont sacrifiés au dieu Moloch où les séances d’essayage de la fameuse armure qui infligea de cruelle blessures à l’actrice principale (et, accessoirement, inspira celle du C3PO de Star Wars!)…
Difficile de ne pas être attiré et séduit par la superbe couverture de
Nicolas Siner, superbe hommage au chef d’œuvre de Fritz Lang. Filip Andronik et Senad Mavric (découvert sur le saisissante
Machine tue les fascistes) signent des planches d’autant plus élégantes que Jean-Paul Fernandez en assure une somptueuse mise en couleur.
Grâce aux crayons de Filip Andronik et Senad Mavric, Jean-Pierre Pécau nous entraîne dans l’Allemagne de la République de Weimar alors que le nazisme y poursuit son inexorable et sanglante marche vers le pouvoir…
Dans ce douzième tome de l’Homme de l’Année, le scénariste nous dévoile les coulisses fantasmées du tournage du mythique Métropolis de Fritz Lang. Mêlant petite et grande histoire avec une redoutable efficacité, il resitue avec finesse le contexte politique de l’Allemagne de l’époque, avec ces tensions qui déchiraient la société, préfiguratrices de l’embrasement à venir…
Jean-pierre Pécau truffe son récit d’anecdotes de tournages et d’éléments puisés dans la vie du cinéaste (tels les soupçons de meurtre de sa première épouse) pour donner rendre son récit plus crédible et plus passionnant encore…
Difficile en achevant l’album de ne pas être pris de l’irrépressible envie de (re)voir ce film culte, étrange et envoûtant…
Je note mon rêve, la ville et les engrenages. Je t’ai dit qu’il y avait deux horloges dans mon rêve?Fritz Lang