Dans la Londres élisabéthaine, les gosses des rues avaient souvent le choix entre mourir de faim ou vivre de menus larcins, faisant les poches des passants plus ou moins fortunés qui croisent leur route…
Dans
Kids of London, les joueurs incarnent une bande de gosse des rues… Ils ont quelques heures pour amasser le plus beau magot… Mais gare à la bande qui sera la plus riche à l’issue de la journée ! Elle se fera purement et simplement dépouiller par le caïd local!
Règles et matériel
La sympathique illustration de la boîte montrant une sympathique bande de gamins attire d’emblée le regard… A leurs vêtements élimés et leurs regards expressifs, on devine d’emblée qu’il ne s’agit pas d’enfants issus de la haute société londonienne… Dickens et son Oliver Twist ne sont pas loin !
Cartes Enfants et tuiles Personnages (les victimes potentielles) sont elles aussi très joliment illustrées par Sylvain Aublin qui signe à notre connaissance les illustrations de son tout premier jeu… Mais on ne devrait pas tarder à en entendre parler dans le monde du jeu au vu de son indéniable talent…
En carton épais, tuiles et pièces sont de très bonne facture… On regrettera peut-être la couleur identique des pièces de valeur 1 et 3… Certes, les faire en rose bonbon été pour le moins étrange… Mais remplacer les pièces de 10 par des tocantes et autre bijoux, faire celles de 5 en or, celles de 3 en argent et celles de 1 en bronze aurait été judicieux pour rendre les magots de chaque joueur plus « lisibles ». Mais bon, rien de rédhibitoire néanmoins!
En plus d’être très bien mis en page et enrichit de nombreux exemples, le livret de règles (4 pages) s’avère particulièrement clair. Il faut dire que les mécanismes sont particulièrement simples et fluides… même s’ils cachent de nombreuses subtilités!
Contenu de la boîte : 9 tuiles Personnage, 1 tuile Aide de Jeu, 60 pièces (de valeur 1,3,5 et 10) ainsi que, pour chacun des cinq joueurs un deck de 9 cartes numérotées de 0 à 8…
Déroulement d’une partie
Mise en place
La mise en place est on ne peut plus rapide : chaque joueur prend sa bande (son deck de carte quoi !), on mélange les tuiles Personnage et… la journée de travail peut commencer…
Deroulement
Une tuile Personnage est révélée. Les joueurs choisissent secrètement une carte de leur main. Les cartes sont révélées simultanément… Si deux joueurs ou plus ont joué leur chef de bande, ils attirent l’attention des policiers qui les arrêtent sans hésiter…
Parmi les joueurs restant, celui ayant joué la carte la plus élevée ramasse la somme indiquée sur la tuile Personnage. En cas d’égalité, le butin est partagé équitablement…
Le ou les joueurs ayant joué la carte la plus faible ont été détroussés un autre passant et remportent la valeur de sa carte en piécettes…
Trois personnages ont une capacité un peu particulière : les sommes dérobées aux Prêtres vont au voisin de gauche ou de droite. Le mendiant fait tellement pitié que la bande lui donne 3 sous… Le joueur qui fait les poches au Prince choisit s’il est vraiment Prince (et donc riche) ou un comédien désargenté : il choisit donc de prendre 8 pièces ou rien… Mais si c’est la dernière carte du jeu, c’est nécessairement un Prince!
Fin de partie
Lorsque la pile des Personnages est épuisée (ce qui arrive en même temps que la main des joueurs… ou alors il y a un couac !), la partie s’achève! Le joueur le plus riche est dépouillé par le chef du quartier et le second joueur remporte donc la partie…
l’Avis de la Rédaction
Antonin Boccara
revisite un jeu traditionnel indien déjà moult fois réinterprété (
Stupide Vautour,
Croc,
Kooba et j’en passe) mais
en y ajoutant des mécanismes originaux qui rendent ces
Kids of London uniques…
Tout d’abord, le joueur le plus riche à l’issue de la partie se faisant dépouiller par le boss du quartier,
c’est le second qui gagne… Mine de rien, ça change considérablement la donne! Il faut certes amasser un joli magot pour gagner mais point trop n’en faut! Les cartes du Prêtre, du Mendiant ou du Prince/Acteur s’avèrent être des cibles intéressantes pour réguler tout ça… Cela introduit
une tension savoureuse en fin de partie, lorsqu’on comprend qu’on risque de finir trop riche et d’attirer l’attention du caïd du quartier…
Ensuite, à chaque manche (à chaque tuile Personnage donc), il n’y a pas un seul joueur qui rafle la mise! Tout d’abord il peut y avoir
partage entre les joueurs ayant joué des cartes de valeurs équivalente… Mais surtout, le ou les joueurs ayant joué la carte de plus faible valeur vont détrousser un autre quidam et empocher quelques piécettes…
On aurait pu craindre que le jeu soit inintéressant
à deux joueurs… Il n’en est rien! L’auteur a subtilement ajouté
un joueur fictif… « Du genre qui joue au hasard » entends-je déjà se plaindre les râleurs invétérés… Oui mais, très ingénieusement, ce joueur fictif joue avant les joueurs de chair et d’os… Et ces derniers devront inclure ce paramètre dans leur choix… Et croyez-moi sur parole,
le jeu devient bougrement stratégique…
Antonin Boccara signe avec Kids of London un délicieux jeu de pli simple et efficace qui enthousiasmera enfants et adultes…
L’auteur revisite avec inventivité un jeu traditionnel indien, lui apportant des mécanismes simples et ludiquement jubilatoire… à commencer par le fait que ce n’est pas le plus riche qui l’emporte mais le suivant…
Un zest de gestion de main, un soupçon de bluff, une once de prise de risque, un thème sympathique joliment mis en image par Sylvain Aublin et vous obtenez un excellent jeu à la fois simple, fluide et rapide…
On aime...
les règles simplissimes
la thématique portée par de superbes illustrations
le diabolique mélange de bluff, de gestion de main et de prise de risque
l’ambiance des parties
l’idée que le second gagne
On n'aime pas...
les pièces de 1 et de 3 qui se ressemblent un peu trop