Nais Quin a travaillé dans le fanzinat avant de monter ce premier gros projet de BD… et le fait est qu’elle maîtrise son sujet avec ce récit intimiste surprenant et envoûtant mettant en scène deux ados qui vont se croiser et s’apprivoiser…

Paul habite au milieu de nulle part dans une caravane avec son père… Ce dernier le laisse pour plusieurs semaines pour aller travailler… Le morne quotidien de l’adolescent va être bousculé par l’arrivée impromptue de Ramona, une ado sortie de nulle part…

Cette fille pleine d’assurance plait indéniablement au jeune Paul, homme timide, maladroit et introverti… Et, plus il s’attache, plus le comportement de Ramona devient étrange…

Nais Quin signe un récit étrange mais envoûtant qui emprunte au huis clos un nombre de personnages (très) restreint évoluant dans un espace défini qui est ici très vaste… En quelques planches, elle esquisse le portrait de Paul : un jeune homme rêveur, timide et contemplatif qui s’apprête à passer de longues semaines, seul, dans une caravane en attendant le retour de son père…

L’arrivée impromptue de Ramona va être pour lui un rayon de soleil… Au fil des jours et de leurs rencontres, un jeu de séduction semble se mettre en place… Mais, parallèlement, l’autrice distille un sentiment diffus de malaise qui va aller crescendo… Que sait-on finalement d’elle? Apprécie-t-elle réellement Paul ou se sert-elle de lui pour le manipuler et arriver à ses fins?

Le trait souple et élégant de Nais Quin s’avère particulièrement expressif. Elle parvient à donner vie à ces deux adolescents de façon saisissante retranscrivant avec finesse les émotions sombres ou lumineuses qui les assaillent. Et puisqu’on parle de lumière, la dessinatrice a apporté un soin tout particulier aux éclairages de chacune de ses scènes, faisant montre d’une grande maîtrise de la colorisation…

Pour son premier album, Nais Quin signe un récit troublant et déstabilisant qui nous entraîne dans l’intimité de deux adolescents qui vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser…

Avec finesse et sensibilité, elle décrit le trouble de Paul devant l’énigmatique Ramona qui ne se livre que peu même si elle partage le quotidien du jeune homme… Au fil des pages, alors que son trait délicat fait la part belle à l’émotion, la scénariste et dessinatrice distille un sentiment diffus de malaise dont on ne sait quelle sera l’issue…

Si elle est passée par un financement participatif pour financer Ramona, m’est avis qu’elle n’aura aucun mal à faire éditer son second par les voies classiques de par sa qualité d’écriture et l’expressivité de son trait…