Dans Baddawin, une enfance palestinienne Leila Abdelrazaq nous livre les souvenirs de son père lorsqu’il n’était alors qu’un jeune garçon grandissant dans un camp de réfugiés palestinien au nord du Liban…

Avec ses neuf frères et sœurs, le jeune Ahmad vit dans le camp de Baddawi où est né son père. Il y raconte son enfance, partagée entre les restrictions, des études studieuses, les copains et la violence qui s’invite dans son quotidien et dont il prend peu à peu conscience en grandissant…

Comme le souligne l’avant-propos de l’éditeur, l’album n’a pas de vocation historique mais constitue un témoignage, certes partial, mais infiniment précieux du quotidien d’un enfant palestinienne…

Il y a quelque chose de profondément touchant dans ce portrait esquissé par la fille de notre jeune héros. Sans misérabilisme, l’auteur montre à hauteur d’enfant ce que fut et ce qu’est, hélas!, toujours aujourd’hui le quotidien d’une famille apatride qui n’a de sa vie connu que l’exil… Avec finesse, elle montre qu’au milieu de ces camps de réfugiés, en dépit de la violence omniprésente, des massacres et des raids, la vie poursuivait son cours… Malgré le peu de moyens, les enfants s’y amusaient et apprenaient, comme tous les enfants du monde… Au milieu de ce chaos grandissant, le jeune homme trouvera la force d’esquisser un autre avenir, de se lancer à corps perdu vers les études qui semblent être pour lui le seul échappatoire pour s’extirper de sa condition d’apatride…

Le dessin faussement enfantin renforce l’immersion dans la vie de ce jeune garçon qui ne rêve que de quitter cette zone de guerre perpétuelle où les circonstances et les considérations bassement politiques l’ont contraint à vivre avec sa famille.

A travers le récit poignant de la jeunesse de son père, Baddawin, une enfance palestinienne, Leila Abdelrazaq nous esquisse le tableau partial et saisissant d’une enfance palestinienne rythmée par la guerre et les exactions… C’était il y a près d’un demi-siècle… Mais depuis, rien n’a changé…

Un album touchant et bouleversant, plein de rires et de larmes, qui alternent petits bonheur du quotidien, peurs, violence, rêves et désillusion avec finesse et pertinence…