Jack l’Eventreur n’est certes pas le premier serial-killer de l’histoire, mais il est celui qui a fait basculer le monde dans le XXème siècle en annonçant les horreurs à venir. Nombreux furent les théories sur l’auteur de cette série de crimes abjects… Mais l’affaire reste à ce jour encore, irrésolue…
Céka et Benjamin Blasco-Martinez s’emparent du personnage pour nous conter le destin peu commun de celui qui contribua à le démasquer…
Alors qu’ils effectuent des travaux dans la maison d’un grand-oncle dont le grand-père fut policier à l’époque de Jack l’Eventreur, un jeune couple exhume d’une veille malle poussiéreuse un vieux tissu tâché de sang accompagné d’une lettre…
Londres, 31 août 1888… Mary Ann Nichols, alias Polly, prostituée de Whitechapel est sauvagement assassinée, inaugurant une série de crimes…
Contrairement à bien des récits s’intéressants aux meurtres de Jack l’Eventreur, le scénario concocté par Céka ne repose pas sur l’identité du meurtrier puisqu’elle nous est révélé dès les premières pages du récit enchâssé dans le récit contemporain…
Et pour cause! La théorie qu’il utilise dans l’album est celle développée par Russel Edwards qui fit l’acquisition d’un châle ayant censément appartenu à Catherine Eddowes, la quatrième victime du tueur. Pour l’homme d’affaire britannique, le coupable est Aaron Kosminski, qui compta parmi le suspect. Ce barbier de Whitechapel est mort en 1919 dans un asile d’aliéné où il a été interné après avoir tenté de poignarder sa sœur. Notre petit couple qui a exhumé le châle ne serait autre que ceux qui ont vendu l’objet à Edwards!
Si l’identité du meurtrier s’appuie sur ces recherches, certes controversée, le scénariste s’est donc intéressé à développer les motivations de Jack, les raisons qui ont pu pousser le barbier à commettre pareils meurtres… Rythmé par les meurtres sordides de Kosminski, l’histoire baigne dans une ambiance inquiétante qui nous entraîne aux portes de la folie à la suite d’un homme possessif et jaloux qui reporta sa haine sur d’innocentes victimes…
Benjamin Blasco-Martinez signe un album graphiquement très réussi. Son trait nerveux et élégant est sublimé par une colorisation de haute tenue…
On appréciera particulièrement la mise en scène des scènes de meurtres baignée d’une lumière glauque et blafarde et où Jack n’est presque plus qu’une ombre… Quant à la couverture de Nicolas Siner, elle est tout simplement sublime…
S’appuyant sur la théorie de Russel Edwards qui affirme que Jack l’Eventreur n’est autre qu’Aaron Kosminski, un barbier de Whitechapel déjà suspecté à l’époque, Céka tente de cerner les motivations du tueur et nous entraîne aux portes de la folie, dans les ruelles brumeuses de la Londres victorienne…
Porté par le dessin superbe d’un Benjamin Blasco-Martinez très inspiré, l’histoire nous nous immerge dans les coulisses tant de la découverte du fameux châle qui sera vendu aux enchères et acheté par l’homme d’affaire britannique que dans l’esprit dérangé de l’assassin, annonciateur des horreurs du XXème siècle…
Un album original qui ne se propose pas de nous donner LA clef de cette sordide affaire criminelle mais de nous conter un récit tragique et glaçant parfaitement maîtrisé…