Louise Joor, Augustin Lebon referment avec
La vallée trahie le premier cycle de Résilience, une dystopie froidement plausible sur fond d’écologie…
2068. L’Europe est devenue un vaste désert agricole. Diosynta a le quasi monopoles des terres et défend âprement ses droits de propriété sur le vivant, empêchant grâce aux F.S.I. (Force de sécurité intérieure) quiconque de cultiver ses propres semences…
Pour lutter contre la famine due à cette hégémonie totalitaire, un groupe d’hommes et de femmes ont décidé de résister… Baptisé la Résilience, ils se sont donné pour but de diffuser des semences et de défendre une certaine idée de la liberté…
Suite à la mort de ses parents, membre de la Résilience, Adam a décidé de reprendre le flambeau. Accompagné d’Agnès et bientôt rejoint par Ellen, il est parvenu à nouer le contact avec ces résistants… Embarqué à bord du train de la Résilience, ils vont être accueilli dans une vallée quasi paradisiaque. Les résilients ont peu à peu transformé ce parc naturel protégé par l’UNESCO en forêt comestibles où ils collectent, conservent et cultivent différentes espèces de fruits ou de légumes…
Mais cet Eden végétal est menacé par un traître qui se cacherait parmi les nouveaux arrivants… Adam, Agnès et Ellen auront fort à faire pour préserver ce havre de paix… et sauver leur vie…
Après un premier tome particulièrement réussi, Louise Joor et Augustin Lebon associent une fois de plus leurs plumes et leurs crayons pour tisser un récit d’aventure à la fois classique et moderne… Ecrit à quatre mains, leur scénario esquisse un avenir particulièrement sombre ou une multinationale a désormais le monopole des cultures, affamant les populations et empêchant avec leur milice quiconque de cultiver d’autres semences que les leurs… L’ombre de Monsanto et de son glyphosate planent sur ce récit d’autant plus captivant qu’il dépeint un avenir froidement crédible si rien n’est fait pour enrayer la marche folle de l’agriculture intensive!
Le combat des résilents n’est pas sans évoquer, certes à une toute autre échelle, celui des zadistes revendiquant l’avènement d’autre monde où l’homme et la nature retrouveraient la place qui leur est due… Mais si le récit est à ce point prenant, ce n’est pas uniquement parce que, comme tout bon récit d’anticipation, il entre en résonnance avec nos société contemporaine. C’est aussi parce qu’il est porté par des personnages tout à la fois complexes et attachants et par là même profondément et tragiquement humains.
Le dessin est une fois encore de haute tenue. Soutenu par des cadrages percutants, la narration graphique est d’une redoutable efficacité alors que la mise en couleur soignée d’Hugo Poupelin soigne les ambiances avec des contrastes bougrement efficaces…
L’évocation du paradis terrestre où l’homme vivrait en harmonie avec la nature s’avère quant à lui particulièrement saisissant, avant de voler en éclat sous la pression de Diosynta.
Refermant le premier cycle de Résilience, ce second tome s’inscrit dans la lignée du premier en proposant un récit d’aventure et d’anticipation écologique parfaitement orchestré.
Dépeignant un univers dystopique hélas froidement crédible où une multinationale aurait la main mise sur l’agriculture et posséderait une force armée à même de faire respecter ses droits de propriété, cette série signée par Louise Joor et Augustin Lebon se lit presque trop vite tant on est pris par ce récit superbement mis en image…
A noter que l’album est complété par un superbe cahier graphique qui donne la mesure du talent du dessinateur de la série…
Un excellent récit d’anticipation à lire sans modérations…
Je vous ai convoqué car j’ai reçu un message d’un de nos informateurs : « Espion Diosynta ou F.S.I. à bord du dernier train. Méfiance. » Gisèle
(*) en référence au roman de Gabriel García Márquez