La couverture de ce premier tome de
Dream Factory est de celle qui, esquissant les contours d'un univers foisonnant, confère au chaland la furieuse envie de feuilleter l'album. Les planches étant du même acabit, il est quasi impossible de ne pas se plonger dans la lecture de
la Neige et l'Acier, premier tome d’un diptyque plus que prometteur...
Londres, hiver 1892.Comme beaucoup d'enfants de la cité ouvrière, Indira descend tous les jours dans les entrailles de la mine pour y collecter du charbon... Le travail est âpre et dangereux mais la jeune fille ne rechigne pas à la tâche...
Mais un triste jour, alors que, rongée par la maladie, elle est trop épuisée pour se lever, Eliott, son jeune frère prend son équipement et se présente à l’embauche pour la remplacer… Olin, un vieil homme borgne et charismatique refuse de voir un gamin descendre à la mine… Du haut de la terrasse de son luxueux hôtel particulier, Cathleen Sachs, qui dirige la mine et la Dream Factory, lui propose de travailler dans son usine pour fabriquer ces étranges jouets mécaniques qui font briller de convoitise les yeux des enfants…
Inquiète de la disparition de son frère qu’elle aime tant, Indira va se lancer sur sa piste qui la conduira immanquablement vers la froide et mystérieuse Cathleen…
Comme de coutume avec la collection Métamorphose, c’est d’abord le dessin formidablement envoûtant, à la fois sombre et poétique, qui happe l’attention du lecteur. La magie opérant, le lecteur est d’emblée immergé au cœur d’un univers foisonnant plein de myrstères. L’action se déroule dans un Londres victorien revisité à la sauce steampunk…
Le scénario concocté par Jérôme Hamon s’avère aussi captivant qu’intrigant et la force de son récit réside tant dans ces personnages indéniablement attachants que dans son univers dystopique où sont pointés les ravages de l’industrialisation et l’émergence d’une classe ouvrière miséreuse qui contraste avec l’opulence des natis…
Par bien des aspects, et comme le souligne l’éditeur, il existe une filiation avec la saisissante
Cité des Enfants perdus de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, pour son atmosphère si particulière… et force est de reconnaître que la bande son composée par Angelo Badalamenti collerait parfaitement à cette série, prolongeant l’onirisme poétique qui illumine la noirceur de la cité…
Si, évoquant celui de la talentueuse Mara ou de l’impressionnante Valp, le trait expressif et dynamique de la jeune et talentueuse Suheb Zako s’avère d’excellente facture, la colorisation lumineuse de Lens Sayaphoum sublime littéralement ses planches, conférant d’emblée à l’histoire une identité graphique forte…
La collection Métamorphose s’enrichit d’une nouvelle pépite avec le premier tome d’un diptyque steampunk sombre et poétique particulièrement captivant…
Porté par le dessin superbe de la jeune Suheb Zako, lui-même sublimé par les couleurs envoûtantes et lumineuses de Lens Sayaphoum, ce premier tome pose les bases d’un univers envoûtant en prenant le temps de poser des personnages particulièrement touchants et attachants…
Dreams Factory est une BD grand public intelligente, somptueuse et envoûtante… Une des excellentes surprises de cette rentrée!
Ne les écoute pas mon garçon. Ils n’auront jamais le quart de ton courage.Olin