S’éloignant radicalement des poncifs du genre, Donny Cates signe avec
Redneck un récit de vampire nerveux et violent particulièrement captivant…
Après les sanglants événements narrés précédemment, les Bowmans ont dû fuir en hâte Sulphur Spring, une charmante bourgade texane où cette famille de vampire vivait presque paisiblement depuis plusieurs décennies.
Sous l’impulsion de JV, patriarche de la coterie vampirique, ils se terrent au cœur d’une forêt, espérant que cela suffise à échapper aux autorités. Mais à l’instar de l’homme qui est un loup pour l’homme, le vampire est un monstre pour ses pairs… Et quand l’un d’entre eux met à bat les traditions séculaires, il fait planer sur la communauté une lourde menace…
Imaginée par John Polidori et popularisée Bram Stoker, la figure du vampire fait partie de ces grands mythes modernes… Scénaristes, romanciers et cinéastes ne cessent de s’en emparer; mais peu parviennent à lui apporter une… seconde vie… Comme sut le faire Anne Rice avec ses Chroniques … et à présent Donny Cates…
La force de
Redneck est de s’appuyer sur les poncifs du genre tout en apportant à l’ensemble une rafraîchissante note d’originalité et de modernité… Ses vampires se dépouillent de leurs atours romantiques pour ne conserver que leur animalité et leur férocité… Le sud profond qui sert de cadre au récit s’avère être une ingénieuse trouvaille pour exacerber le penchant bestial de ces créatures de la nuit…
La récente transformation en vampire du pasteur Landry est l’occasion pour le scénariste de revenir sur sa vision du vampire, leur sensibilité à la lumière, au feu, à la foi ou la façon dont ils peuvent engendrer d’autres vampires ou les règles qui régissent la communauté… Lorsqu’il lui livre les secrets de leur espèce, le brave Bartlett est bien loin de se douter de l’usage dévastateur que fera Landry de toutes ces informations!
Le scénario est jubilatoire, follement inventif et fertile en rebondissements impromptus qui sont autant de twists vertigineux qui laissent à penser que nous sommes loin, très loin même, d’être au bout de nos surprise avec
Redneck!.
Le dessin âpre et rugueux de Lisandro Estherren est en parfaite osmose avec le scénario inventif et violent de Donny Cates… Nerveux et formidablement expressif, son trait est une fois encore d’une redoutable efficacité alors que son découpage, résolument cinématographique, dynamise chacune des scènes tout en instaurant un climat oppressant renforcé par la mise en couleur soignée de l’étonnant Dee Cunniffe.
Ce second volume s’avère tout aussi enthousiasmant que l’était le premier.
Renouvelant le mythe du vampire en le dépouillant de ses atours romantiques, Donny Cates signe un album délicieusement violent, tissant un scénario d’autant plus jubilatoire qu’il s’avère riche en surprises et révélations retentissantes… Mais si le scénariste a su moderniser le mythe du vampire avec une si redoutable efficacité, c’est aussi grâce au dessin de Lisandro Estherren, âpre et rugueux comme un morceau de Zed Head…
Ce second tome de Redneck confirme tout le bien que l’on pensait de cette série de vampire qui a tous les atouts pour séduire même ceux que les traditionnels récits vampiriques horripilent…
- Je pensais plutôt revenir sur… les règles?
- Ha. « les règles ». Ça te tracasse ça, hein?
- C’est juste que ça parait si… arbitraire.discussion entre Landry et Bartlett