Sylvain Ricard et Rica pose les bases d’une série d’anticipation glaçante et froidement réaliste…

Une équipe d’intervention en combinaison de protection pénètre chez Guillaume pour l’interroger sur l’incident survenu au laboratoire de recherche où il travaille… Mais le jeune homme est absent et sa petite amie les informe que Jules est parti en croisière à bord du Babylon of the Seas pour se ressourcer...

S’amorce alors une terrifiante course contre la montre : Guillaume est porteur d’un virus mortel génétiquement modifié de type H5N1. Le gouvernement va devoir prendre des mesures drastiques pour éviter une pandémie mondiale alors que les insouciant plaisanciers ignorent encore tout du drame qui se joue…

L’éclectique scénariste du Cirque Aléatoire, Kuklos ou de François sans Nom amorce avec Incubation un récit d’anticipation glaçant et finement orchestré…

Se déroulant sur deux niveaux, son scénario s’avère tout à la fois captivant et rythmé… D’un côté on a l’itinéraire d’un jeune homme qui semble totalement perdu et désabusé. De l’autre les autorités qui tentent comme elles peuvent de comprendre la nature de la menace avant de tout mettre en œuvre pour endiguer la pandémie qui s’annonce… Par petites touches, Sylvain Ricard fait doucement monter la pression, instaurant avec subtilité une atmosphère de plus en plus oppressante alors que les premières manifestations de la maladie se manifestent à bord du bateau de croisière et que le personnel tente de comprendre l’origine du mal…

Si l’album s’avère si prenant, c’est qu’il est mis en images par le talentueux Rica dont le travail nous avait enthousiasmé avec son dérangeant Minus ou l’impressionnant Succombe qui doit scénarisé par l’incroyable Antoine Ozanam (et dont nous recommandons chaudement la lecture!)… L’auteur fait montre de sa parfaite maîtrise du noir et blanc alors que son trait charnel et ses cadrages incisifs accentuent le malaise qui s’empare des passagers du Babylon of the Seas ou du gouvernement qui comprend qu’il va devoir faire fasse à une crise sans précédent…

Sylvain Ricard nous propose un récit d’anticipation glaçant et finement orchestré sur fond de risque imminant d’une pandémie mondiale…

Porté par une narration alternée parfaitement maîtrisée et le dessin d’une redoutable efficacité de Rica, l’album se lit d’une traite et donne furieusement envie de connaître la suite des événements… Rythmé comme une excellente série TV, l’album est complété par un dossier étoffé sur les agents pathogènes qui ont de tout temps fait planer une sourde menace sur l’espèce humaine…
Ce premier tome de Virus est indéniablement l’une des excellentes surprises de ce début d’année 2019…