Amorçant la seconde saison de la série concept
Androïdes, Stéphane Louis nous propose un récit de science-fiction original et troublant qui poussera le lecteur à s'interroger sur ce qui définit sa propre humanité...
Dans un avenir lointain, l’humanité s’est éteinte après avoir atteint l’immortalité et ne pas l’avoir supporté… Mais leur création, les androïdes leur ont survécu. Devenues obsolètes, les lois de la robotique conçue par Isaac Asimov ont été balayées et remplacées par une seule et unique loi empêchant un androïde de s’autodétruire.
Pourtant, Synn, androïde parfaite envoyée par ses pairs pour explorer une planète hostile et déterminer s’il était possible de s’y établir, est tant hantée par des questions existentielles qu’elle semble rechercher la mort… Car sans la possibilité de mourir, est-elle seulement vivante ?
Mais la mort était-elle la seule caractéristique de l’humanité disparue?
Tout bon récit de science-fiction se doit d’interroger le lecteur sur les travers de la société ou sur sa nature même… Et cet album de Stéphane Louis est indéniablement à classer parmi les excellents récits de SF.
L’héroïne est une androïde en tout point parfaite. Abîmée lors du crash de son vaisseau sur une planète hostile, elle a fait une brève expérience de ce qui pourrait s’apparenter à la mort, avant que ses mécanismes d’autoréparation ne s’active et ne lui redonne son intégrité physique en puisant l’énergie dans son environnement… Cette brève expérience la pousse à s’interroger sur sa propre nature… Eternelle de par sa conception, est-elle pour autant vivante puisque ne pouvant mourir ?
A partir de cet élément en apparence classique, le scénariste va tisser un récit intrigant dont le narrateur n’est autre que Synn elle-même. Peu de dialogues donc, mais de longs récitatifs très bien troussés dans lesquels l’androïde nous fait part de ses réflexions sur sa nature et de ses états d’âmes virtuels… L’occasion pour le lecteur de s’interroger sur ce qui définit son humanité et le sens que peut revêtir une vie éphémère… Difficile de ne pas être chamboulé par les rebondissements du récit et les questionnements métaphysique de l’androïde…
Mettant lui-même son récit en image, Stéphane Louis signe des planches particulièrement dynamiques mêlant de façon très convaincante technologies futuristes et décors et société préhistoriques, le tout joliment mis en couleur par le talentueux Sébastien Lamirand (avec qui il avait notamment signé
Tessa, agent intergalactique).
Malgré une débauche d’effets pyrotechniques (par ailleurs parfaitement maîtrisés !), l’auteur parvient à rendre particulièrement touchante et attachante cette androïde parfaite en quête d’humanité…
Reprenant la thématique du robot aspirant à l’humanité, Stephane Louis nous livre un récit original et captivant qui nous interroge sur notre propre humanité avec un subtil changement de paradigme.
Rehaussé par les couleurs de Sébastien Lamirand, son trait dynamique met en scènes avec virtuosité des scènes d’actions particulièrement bluffantes mais laisse aussi place à l’émotion à l’état brute qui marqueront durablement le lecteur…
Ce cinquième opus d’Androïdes est indéniablement un excellent album de SF dont la dimension dépasse largement celle l’histoire elle-même… Un album incontournable pour tout amateur de SF…