Jérôme Hamon et Antoine Carrion apportent un point final à leur conte fantastique sombre et sublime…

Alors que les terres jadis florissantes et fertiles du Nord sont devenues désertes et arides, de vieilles légendes ressurgissent… Elles racontent qu’il existerait un monde au-delà de la matière, un monde constitué d’élémentaires, êtres lumineux sans qui la matière resterait inerte…

Guidé par l’esprit de la déesse Verdandi et à présent détenteur de pouvoirs vertigineux, le jeune Nils parviendra-t-il à sauver les neufs mondes de l’œuvre destructrice de la déesse Skuld, ivre de colère et de vengeance ?

Rien n’est moins sûr et le sort de l’humanité semble bel et bien scellé…

Les voyageurs qui lisent nos pages savent combien nous apprécions les titres de la collection Métamorphoses dont chacun est doté d’une identité graphique forte et d’une atmosphère qui lui est propre… Nils ne déroge pas à la règle et envoûte le lecteur dès la superbe couverture rehaussé d’un usage subtil du vernis sélectif qui sublime l’illustration de Antoine Carrion…

Le dessinateur de Temudjin ou de No pasarán fait une nouvelle fois montre de son saisissant talent. Son trait virtuose esquisse les contours d’un univers dense et foisonnant qu’on ne peut se résoudre à quitter et qui va nous hanter, durablement… Chacune de ses planches est une petite merveille de composition et de réalisation. Ses couleurs froides, lumineuses et envoûtantes mettent en scène une nature sublime et inquiétante comme on n’a rarement vu ailleurs que dans l’œuvre de Hayao Miyazaki… L’ombre du maître de l’animation plane d’ailleurs sur cette série par sa dimension fantastique et éminemment poétique…

Subtil mélange de mythes nordiques et d’ambiances gothiques, le récit de Jérôme Hamon est de ceux dont on forge les légende… Dans cette fable post-apocalyptique, ce n’est pas la civilisation qui s’est décomposée, mais la nature elle-même qui menace de disparaître, donnant à la trilogie une dimension écologique, renforçant une fois encore les analogies avec l’œuvre de Miyazaki …

Poursuivant leur récit choral parfaitement orchestré qui impulse son rythme à cet ultime opus, Jérôme Hamon et Antoine Carrion concluent en beauté cette quête initiatique à la confluence des genres et des influences…

Au fil des pages et des tomes, la série a pris de l’ampleur. Sublimée par le travail graphique époustouflant d’Antoine Carrion, le récit, au départ intimiste, prend une dimension mystique alors que la nature devient folle et que l’humanité est en passe de disparaître…

Le final est dantesque et une fois l’album refermé, les personnages et l’univers esquissé par les deux auteurs, et sur lequel plane l’ombre de Miyazaki, hanteront durablement le lecteur…