C’est autour de Nicolas Jarry et Bertrand Benoît de présider à la destinée d’une des cinq armadas de colons humains contraints de quitter la Terre pour chercher une exoplanète à même de l’accueillir…

Mécano talentueux soumis à des cadences infernales imposé par des vaisseaux délabrés, Idris craque et blesse grièvement un officier peu respectueux… L’homme est dans le coma et de son réveil dépend l’avenir de ce mécano impulsif père de famille et séparé de sa femme qui officie comme médecin à bord…

Arrivés sur Deluvenn, une planète bleue recouverte d’océans, les colons ne peuvent se passer d’un technicien de sa trempe et l’envoient travailler dans une mine… De gigantesques céphalopodes font surface alors que les militaires découvrent au fond de l’océan les vestiges d’une civilisation ancienne… Bien vite, il apparaît que l’intention de ces créatures sont loin d’être pacifiques… Commence alors une lutte âpre et désespérée pour la survie de l’humanité…

Après un premier tome très réussi, il fallait tout le talent de Nicolas Jarry pour tisser un scénario captivant… Il met en scène un héros cynique, lucide et désabusé qui va tenter de racheter ses erreurs passées. Brut de décoffrage, Idris est un père de famille distant incapable de se maîtriser et sur qui plane désormais une épée de Damoclès… S’il pense que son espèce a mérité son sort, il fera tout pour que sa famille, même éclatée, survive à l’apocalypse qui s’annonce. Le récit est d’autant plus poignant qu’il décrit de façon saisissante la relation houleuse unissant un père et son fils qui ne se comprennent pas alors qu’ils ont tant en commun…

Tirant parfois vers le thriller, le récit rythmé de Nicolas Jarry fait la part belle au spectaculaire et à l’action et le dessin réaliste de Bertrand Benoît. Ses planches sont de toute beauté et le dessinateur est aussi à l’aise pour représenter une technologie futuriste, les ruines d’une civilisation disparues que les fonds marins. Il faut dire que la colorisation soignée d’Olivier Héban rend les planches de l’album, par ailleurs superbement composées, plus magnifiques encore…

La force de Conquête série est de renverser le paradigme : l’homme est l’envahisseur qui va venir menacer un écosystème établi qui va lutter âprement contre l’envahisseur.

S’emparant du concept, Nicolas Jarry signe un scénario captivant porté à bout de bras par un personnage asocial mais indéniablement attachant qui arbore son cynique en bandoulière et porte sur les vestiges de l’humanité un regard lucide et désabusé. Sublimé par la mise en couleur d’Olivier Héban, le dessin précis et réaliste de Bertrand Benoît met en scène de façon bougrement efficace ce récit de science-fiction haletant…

Après deux tomes, Conquête nous a irrémédiablement conquis…

- Si Deluvenn n’est pas la bonne, on est tous condamnés, ces tacots spatiaux n’iront pas plus loin. Mais si elle est habitable, alors je veux que tu veilles sur mes gosses. Occupe-toi d’eux. Je fais pas confiance à c connard qui saute ma femme.
- Ex…
- Hum ?
- Ton ex-famme.dialogue entre Idris et Emzara, sa soeur