L’avenir du monde est en train de se jouer alors que les anciennes prophéties semblent prendre corps…

Dans la capitale de l’Empire du Nord, Pier de la Vita engage un bras de fer judiciaire avec le mage Ronfield pour le contraindre à payer ce qui lui est dû… Mais l’homme n’est pas prêt à reconnaître ses torts ni à endosser le meurtre de sa femme et d’un de ses enfants et le bâtisseur va apprendre que la victoire peut avoir le goût des larmes.

Banni par sa loge templière après la mort de son vénéré maître, Sinead est en route pour le sud, au-delà de la faille qui coupe la terre en deux… Sa route va croiser celle du druide Brahann qui lui révélera son destin… Mais une armée est en marche pour retrouver l’Evangile d’Ariathie… Une armée dirigée par un homme qu’elle a connu jadis et qui fit d’elle un assassin… Un homme qu’elle rencontra alors que dans les rues de Dakareen elle s’apprêtait à sauter à la gorge de celui qui avait massacré ses parents : Don Costelnau…

Avec son sens éprouvé de la narration, Jean-Luc Istin poursuit sa saisissante fresque de médiéval-fantasy, esquissant par petite touche les contours d’un univers foisonnant et cohérent tout en développant deux personnages forts qu’on apprend à connaître à travers une narration alternée parfaitement maîtrisée qui impulse un rythme soutenu à l’album.

Jouant avec art de la temporalité et de l’ellipse, il complète le portrait de Sinead et de Pier qui pourraient bien, sans en avoir encore pleinement conscience, changer le destin de leur monde…

Si le scénario est en lui-même captivant, il est sublimé par le travail tout juste époustouflant de Sébastien Grenier dont le talent explose à chaque case… Jouant avec les ombres avec maestria, ses pinceaux semblent sculpter la lumière, donnant vie à de magnifiques décors : terres arides, végétation foisonnante, antre de la Guilde des Assassins, palais de justice ou ruelles grouillant de vie… Si chacune des cases est composée comme un tableau, les doubles planches offrant des vues en cinémascope sont tout justes sublimes, permettant d’apprécier le talent du dessinateur dans toute sa splendeur…

Solidement charpenté, le scénario de Jean-Luc entremêle deux destins qui vont malgré eux devenir les acteurs d’une ancienne prophétie… L’un va découvrir combien la victoire peut être amère alors que l’autre se prépare à affronter son ancien mentor… Tout en prenant le temps de poser chacun de ses personnages, le scénariste esquisse les contours d’un monde en mouvement dense et cohérent qui sert d’écrin à son récit…

Sébastien Grenier fait une fois montre de son talent pour mettre en scène ce récit choral épique et captivant, nous offrant des planches de toute beauté où il sculpte la lumière avec maestria…

Il est des séries d’héroïc-fantasy qu’on lit et qu’on oublie… et il en est d’autres qui vous poursuivent bien après avoir refermé l’album… La Cathédrale des Abymes est clairement de cette trempe-là. C’est peu dire qu’il nous tarde de lire la suite !