Dans Rome West, Justin Giampaoli et Brian Wood revisitent l’histoire avec une uchronie romaine audacieuse…

En l’an 323, un navire romain au large de la péninsule ibérique se retrouve isolé du reste de la flotte par une tempête d’une rare violence… Echappant miraculeusement à la colère des cieux, il échoue sur une terre inconnue…

Affaiblis et peu nombreux, les romains décident de fraterniser avec les autochtones et, en échange d’une terre pour y construire leurs maisons, ils se proposent de leur apprendre l’art de fabriquer des armes…

C’est ainsi que mille an avant Christophe Colomb et quelques siècles avant Erik le Rouge, une colonie romaine, Roma Occidens, s’établi en Amérique, infléchissant le court de l’histoire des hommes…

Contrairement à ce que l’on pouvait penser, l’album ne se contente pas de nous conter l’histoire de ces colons involontaires contraints de jeter les bases de Roma Occidens et racontant leurs premiers contacts avec les natifs… Ecrit à quatre mains par Justin Giampaoli et Brian Wood, le récit se veut plus audacieux puisqu’il se propose de réécrire l’histoire des Amériques en racontant le destin de cette civilisation née du mélange de la culture romaine et indienne…

Le lecteur assistera ainsi à l’arrivée des vikings d’Erik le Rouge ou de Christophe Colomb dépité d’être accueilli par des hommes parlant latin et de ne pas être le premier européen à fouler du pied ce Nouveau Monde. On suit de loin le tumulte des nations du vieux continent dont le destin a été subtilement modifiée par celui des nations américaines ou le racisme envers les descendants des premiers fondateurs de la colonie évoque en creux celui dont furent victimes les nations indiennes ou incas…

Fidèle à lui-même, Andrea Mutti signe des planches superbes, composant des costumes et des décors qui s’avèrent être un subtil mélange des différentes culture qui se sont mélangées pour créer ce Rome West qui devait survivre aux empires romains d’orient et d’occident engloutis par les méandres de l’histoire. Les couleurs subtiles de Lee Loughridge font la part belle à la nature indomptable et contribue à poser l’atmosphère de chaque époque alors que le découpage en gaufrier « amélioré » confère une cohérence et une certaine unité à l’ensemble.

Découvertes en 323 après Jésus Christ par des naufragés romains, soit près de mille ans avant l’arrivée des navires de Christophe Colomb, les Amériques allaient sous la plume de Justin Giampaoli et Brian Wood connaître une histoire et un développement bien différent de celui que nous connaissons, infléchissant subtilement le cours de l’histoire de l’humanité…

Andrea Mutti fait montre de son talent pour proposer une vision cohérente de ce qu’aurait pu être un peuple né de la fusion des cultures amérindiennes et romaines, des costumes aux architectures… Subtilement mises en couleur par Lee Loughridge, ses planches nous immergent de façon saisissante dans les différentes époques traversées, de la fondation de Roma Occidens à un futur proche et dystopique, qui sont autant de chapitres…

Malgré sa pagination généreuse, le scénario aurait presque mérité d’être développé sur plusieurs tomes pour explorer plus avant cette uchronie bougrement originale et indéniablement audacieuse !

Nous sommes Rome. Pense à l’ancienne Pax Romana. Voilà ce que Rome West peut être.Lucan Valérius