Dans le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte nous racontait les aventures de Max Costa et Mecha Inzunza qui allait vivre une folle passion au grès de leur rencontre, de Buenos Aires à Sorrente en passant par Nice de la fin des années 20 à celle des années 60… Salva Rubio se propose de nous raconter comment le jeune et séduisant Max est devenu se voyou flamboyant que l’on connaît…

Après avoir échappé à la mort, Max s’est embarqué sur le premier bateau et échoue à Marseille… Là, il est recueilli par Boske, une femme mystérieuse d’origine hongroise qui réinvente son passé chaque fois qu’elle le raconte.

Ensemble, ils écument les endroits interlopes de Marseille et il apparait bien vite que la ville est trop étriquée pour eux… Mais pour gagner les luxueux palace de la capitale, il leur faut de l’argent... Boske échafaude un plan pour délester de riches bourgeois de leurs pécule… Elle ne fixe qu’une seule règle : Max ne doit pas tomber amoureux d’elle… Le pacte est scellé…

Mais qui peut dire quand et comment nait l’amour ?

Après un premier tome sensuel et aventureux particulièrement enthousiasmant, c’est avec un plaisir jubilatoire que nous retrouvons le jeune et déjà flamboyant Max Costa en bien charmante compagnie.

Alors que le premier opus était placé sous le signe sensuel du tango, ce second tome se poursuit sur le rythme d’un foxtrot endiablé… S’il posséda plusieurs femmes, avant de vivre une folle passion avec belle aristocrate Mecha Inzunza, Max en aima une autre, follement : la belle et dangereuse Boske… Avec elle, il allait écumer la côte d’azur, découvrir l’ivresse des casinos, amasser des fortunes et les perdre sur un coup de dés… Mais le passé qu’il s’efforçait de fuir n’allait pas tarder à refaire surface et Boske et lui n’auront d’autre choix que d’accepter une mission dont l’issue ne peut qu’être funeste…

S’inscrivant dans une veine littéraire grâce à des récitatifs où Max partage son ressenti, le scénario de Salva Rubio s’avère on ne peut plus entraînant, sublimé par le dessin virtuose de Rubén Del Rincon … L’album est à nouveau complété par un dossier passionnant où les auteurs reviennent sur les éléments historiques en apparence abracadabrantesque mais auxquels on a envie de croire…

A l’instar d’un Dumas (ou d’un Perez-Reverte !), Salva Rubio signe un scénario rythmé et inventif qui s’immisce dans les interstices de l’Histoire pour créer un récit fictionnel particulièrement enthousiasmant !

Le dessin puissant et généreux de Rubén Del Rincon est une fois encore une petite merveille d’élégance et de sensualité… Avec une virtuosité impressionnante et un sens du mouvement et du cadrage saisissants, le dessinateur espagnol met en scène avec panache la folle jeunesse de Max Costa imaginée par le talentueux Salva Rubio…

On se prend à rêver à une suite qui comblerait les ellipses narratives du Tango de la Vieille Garde voire, soyons fous, à l’adaptation du roman lui-même, dont ce superbe diptyque est le prequel…

- Nous voilà au sommet… Nous ne pouvons pas monter plus haut.
- Pourquoi ne pas rester ici pour toujours ?
- Non, à un moment, il fait soit descendre, soit tomber.dialogue entre Boske et Max