C'est toujours avec un plaisir jubilatoire que l'on retrouve l'équipe de choc des Détectives de l'Etrange... Pour ce nouveau diptyque, les auteurs nous entraînent du côté de Bordeau pour une enquêtes pleines de charmes et... de malédictions!
Après avoir bouclé dans la capitale une enquête mouvementé portant sur de mystérieux sabotages survenus sur le chantier de l'édification de la tour de Monsieur Eifel, Hugo et Flora sont engagés par une vieille tante avare et acariâtre férue de spiritisme et d'égyptologie pour s'occuper de manifestations paranormales survenu dans sa demeure bordelaise et causant bien des tracas au petit personnel...
L’enquête les entraînera dans le passé de la demeure familiale et dans celui des aïeux de Flora…
Il aura fallu attendre deux longues années avant de pouvoir lire cette suite des aventures de ces enquêteurs de l’étrange que sont Flora et Hugo ! Il faut dire que le dessinateur s’est consacré au quatrième opus de son
Dixième Peuple, série anthropomorphique dont il assure seul (et avec brio !) couleurs et dessin…
S’amorçant par un prologue moins anecdotique qu’il n’y parait, ce septième opus s’avère tout aussi enthousiasmant que les précédents… Il faut dire que le caractère bien trempé de nos deux jeunes héros est pour beaucoup au plaisir que l’on a à suivre leurs aventures… Et les idées résolument bourgeoise et irrémédiablement conservatrice de la famille de Flora vont se heurter à celles socialistes et progressistes de Hugo ! Et c’est peu dire que cela va faire des étincelles !
Portée par de savoureux et irrésistibles dialogues, l’intrigue proprement dite est comme de coutume finement ciselée et exploite intelligemment le passé peu reluisant de Bordeau… La mission de l’agence s’avèrera particulièrement difficile puisqu’Hugo et Flora devront jouer les intermédiaires entre une momie envahissante et des esprits frappeurs n’appréciant que peu qu’on empiète sur leur espace vital… Et c’est peu dire qu’on est particulièrement frustré lorsque, achevant le lecture de la dernière planche, on se rappelle que l’intrigue est un diptyque et qu’il faudra prendre son mal en patience pour lire la fin de cette enquête à la lisière de l’histoire et du paranormal… Preuve s’il en est que l’album est réussit !
Côté dessin, on retrouve un Emmanuel Despujol très inspiré dont le trait élégant nous entraîne dans le Bordeau de la Belle Epoque qu’il met en scène avec force détails. Dynamique et efficace, son découpage sert au mieux le scénario inventif et solidement charpenté de Thierry Gloris tout en nous offrant de superbes visuels de la ville.
On apprécie tout particulièrement le traitement suranné des flashbacks qui donnent la délicieuse impression de visionner un vieux film aux teintes sépias dont les bobines ont subi les ravages du temps…
La frustration ressentie à la fin de cet album est indéniablement la marque des grandes séries ! Thierry Gloris poursuit avec un plaisir jubilatoire et communicatif les aventures fantastiques de Flora et d’Hugo, enquêteurs de l’étrange à qui nul mystère ne résiste…
Après un bref détour par la capitale, ce sera cette fois-ci Bordeau et son passé peu reluisant qui serviront de cadre à cette nouvelle enquête où l’on croisera quelques membres de la famille bourgeoise et éminemment conservatrice de Flora… Les crayons d’Emmanuel Despujol, sublimés par la colorisation efficace de Cyril Saint-Blancat, mettent joliment en image ce récit mélangeant avec audace et dans une parfaite alchimie humour, histoire et paranormal dans un savoureux et irrésistible cocktail…
- Au retour, j’exige la première classe. Je crains d’avoir attrapé des puces.
- Je croyais Zola votre feuilletoniste préféré ?
- Oui, et alors ?
- Grâce à ma chère tantine, vous avez partagé l’univers de ses Rougon-Macquart pendant quelques heures. Vous devriez être exalté par l’espérience !dialogue entre Hugo et Flora