Dans
Villainous, les joueurs incarnent les méchants des contes de Disney et vont s’efforcer de s’imposer comme le plus vil vilain des plus célèbres récits… Sur leur route se dresseront bien évidemment ces insupportables héros et les méchants devront s’en débarrasser pour mener à bien leur plan éminemment machiavélique…
Règles et matériel
De taille moyenne, la boîte est tout juste superbe… Rehaussée de dorures du plus bel effet, ses teintes glauques intriguent et l’ombre menaçante de Maléfique qui se dessine fait d’emblée planer une atmosphère délicieusement… Maléfique !
Le matériel contenu dans la boîte est tout juste somptueux… Cartes et plateaux individuels sont de toute beauté et tirent leur visuels des films d’animation dont ils sont issus, tout en ayant été redesignés pour l’occasion afin d’obtenir une harmonisation des différents styles… Et c’est peu dire que c’est beau…
Plutôt que de proposer des figurines ressemblantes à celle des dessins animés, l’éditeur a pris le parti pris de proposer des statuettes aux silhouettes épurées qui s’avèrent particulièrement élégantes et confèrent au jeu une identité graphique savoureuse… Le dos de chaque deck a fait l’objet d’un soin tout particulier et les différentes tuiles et jetons s’avèrent tout aussi élégants alors que le Chaudron où grouille les jetons Pouvoir est un élément fort sympathique qui contribue à poser cette délicieuse ambiance propre au jeu… On apprécie le travail réalisé sur l’iconographie qui allie l’élégance à l’efficacité… Magnifiquement édité,
Villainous est le genre de jeu dont la thématique originale et le matériel donnent indéniablement très envie de jouer…
Le livret de règles (12 pages) s’avère relativement dense et pourrait rebuter des joueurs occasionnels peu rompus à la lecture des règles. Pourtant, force est de reconnaître qu’il est tout à la fois bien conçu et bien écrit tant et si bien que les différents mécanismes, au demeurant très simples, du jeu s’assimilent rapidement… Mais si les règles sont simples, chaque personnage est doté de deux decks (Méchant et Fatalité) et d’un livret qui lui sont propres. La lecture de ce dernier, explicitant ses spécificités devra se rajouter à la lecture des règles… Mais rien d’insurmontable rassurez-vous !
Contenu de la boîte : 80 jetons pouvoir, 1 chaudron, 3 tuiles Cadenas, 1 tuile Fatalité et, pour chacun des six méchants : 30 cartes Méchant, 15 cartes Fatalité, 1 plateau de jeu, 1 figurine et un livret personnage
Déroulement d’une partie
Mise en place
Difficile de faire plus simple : chacun choisit un grand vilain, prend son matériel, mélange séparément carte Méchant et Fatalités pour former deux pioches puis prend les 4 premières cartes Méchant de sa pile pour constituer sa main de départ…
Déroulement
A son tour de jeu, le joueur doit déplacer sa figurine sur l’un des 4 lieux disponibles et peut effectuer les actions disponibles qui lui permettront de gagner des jetons de Pouvoir, jouer une carte de sa main ou activer une capacité (monnayant souvent des jetons de Pouvoir), déplacer un objet, un allié ou un héros vers un autre lieu, éliminer un héros (après un tumultueux combat contre ses alliés) ou défausser des cartes de sa main ou faire intervenir la Fatalité chez l’un de ses adversaires (pioche de 2 cartes Fatalité, une sera jouée sur le plateau de l’adversaire, l’autre sera défaussée)…
A l’issue de son tour, le joueur complète sa main à 4 cartes…
Fin de partie
Dès qu’un joueur remplit ses conditions de victoire, la partie s’achève par… sa victoire ! (étonnant non ?)
l’Avis de la Rédaction
Si la
boîte, tout juste
somptueuse, attire d’emblée l’œil, c’est bien la thématique qui intrigue le chaland :
incarner les grands vilains des récits de Disney, voilà qui n’est pas commun !
Villainous est
un jeu délicieusement asymétrique: chacun des grands vilains possède ses
propres decks et sa manière de gagner qui lui est propre, offrant par la même des
sensations de jeux très différentes, multipliant de façon vertigineuse les possibilités… Chaque personnage suit sa propre logique et certaines actions particulièrement intéressantes pour l’un le seront bien moins pour un autre joueur… Et si de multiples actions sont disponibles à chaque tour, certains méchants ne possèdent tout simplement pas telle ou telle action !
Outre les
cartes Conditions, le gros des interactions porte, vous l’aurez compris, sur l’usage des
cartes Fatalité qui viennent mettre des bâtons dans les roues de méchants trop entreprenants… Propres à chaque joueur
Héros, Objets ou Evénements sont bien évidemment
liés au conte où sévit le Vilain ! Cette cohérence s’avère particulièrement immersive d’autant que les cartes Fatalités sont étroitement liées aux conditions de victoire du Méchant en question… Les enfants ne s’y trompent pas et parlent de « continuer leur histoire », prouvant si besoin à quel point le jeu est immersif et cohérent!
On appréciera par ailleurs le
travail d’équilibrage réalisé qui rend les forces maléfiques en présence de niveau assez homogène…
Si le jeu s’avère parfaitement jouable à deux, il est bien plus
riche à plus de trois joueurs! Car à deux, le hasard se fait particulièrement prépondérant de par la binarité de la partie : soit vous avez de la chance et le hasard vous permet d’entraver la victoire de votre unique adversaire, soit le destin est contre vous et vous ne pourrez rien faire pour l’empêcher de s’imposer…
A partir de trois joueurs, mécanique de Fatalité oblige, les joueurs se liguent contre le joueur dont la victoire commence à trop se dessiner,
diluant subtilement l’effet du hasard qui, s’il reste présent, n’est plus prédominant… A 5 ou 6, malgré le subtil ajout du jeton Fatalité empêchant de trop s’acharner sur le joueur de tête, le jeu se fait un brin plus chaotique alors que les parties semblent parfois s’étirer à l’infini. Après de nos nombreuses parties, la configuration optimale semble être à 3-4 joueurs…
On apprécie beaucoup
la mécanique des Héros venant masquer deux symboles actions tant qu’ils sont présents sur un lieu… On peut les y laisser ou au contraire les déplacer ou, mieux, envoyer ses sbires s’en débarrasser afin de libérer le lieu… et les actions masquées ! Mais ce sera au prix du sacrifice de nos alliés et de leur équipement… La vie des sbires est parfois cruelle…
Si
le jeu est réellement jubilatoire, les premières parties sont pour le moins déroutantes ! Et pour cause : on découvre son personnage, son but dans sa vie de Vilain, son deck, ses héros abrutis qui nous empêchent d’assouvir nos maléfiques desseins… et ceux de ses adversaires ! Mais, une fois cette phase de découverte passée, le jeu s’avère particulièrement
subtil et… délicieusement méchant !
S’il attire d’abord par son superbe plumage et par sa thématique délicieusement iconoclaste (incarner les méchants des films d’animation qui ont bercés notre enfance !), Villainous se révèle au fil des parties comme un jeu bougrement malin et particulièrement… cruel…
Malgré un corpus de règles simples, les premières parties peuvent s’avérer pour le moins déroutantes, le temps d’assimiler les subtilités des six personnages qui sont chacun dotés d’un objectif individuel parfaitement cohérent au conte dont il est tiré et de deux decks originaux offrant des stratégies qui lui sont propres… Et c’est peu dire que ce jeu riche en interaction et délicieusement asymétrique se bonifie avec le temps !
On ne peut qu’attendre les futures extensions qui nous permettront d’incarner d’autres grands méchants disneyens pour un jeu plus riche encore !
Après avoir commis les excellents Kero et How to Rob a Bank, le collectif d’auteurs Prospero Hall signe avec Villainous un jeu d’autant plus jubilatoire qu’il est superbement édité !
On aime...
la thématique délicieusement iconoclaste
le formidable travail d’édition (design, iconographie)
les règles épurées
le savoureux aspect asymétrique
les sensations ludiques très différentes en fonction des Vilains incarnés
excellent à 3-4 joueurs
On n'aime pas...
quand pourra-t-on incarner la maléfique Madame Mim?
un peu long à 6 joueurs, plus hasardeux à 2