Dès la sortie du premier opus en 2007, Jazz Maynard s’imposait comme un polar noir et envoûtant, tant par sa qualité d’écriture que pour la virtuosité de sa mise en scène… Live in Barcelona nous propose un final dense et poignant, aussi riche en action qu’en émotions…

Une page se tourne pour Jazz… Fermement décidé à se ranger, il travaille à son premier album qu’il dévoilera lors d’un concert au Cave Canem. Pour l’occasion, Lucia lui propose de l’interviewer pour son journal mais Jazz se montre réticent à l’idée de se livrer…

Mais lorsque l’Oncle Raimundo est abattu par une bande de malfrats lors d’une soirée de poker, il ne peut que suivre Judas et Teo, fermement décidés à venger l’homme à qui ils doivent tant… au risque de tout perdre… Conscient de la tempête qui s’annonce, Jazz se souvient de son enfance et de sa jeunesse et va accepter de se confier à Lucia, signant, consciemment ou non, une sorte de testament…

Avec Live in Barcelona, le talentueux Raule signe un scénario plein de mélancolie où le charismatique et ténébreux Jazz va s’ouvrir et se livrer pour la première fois… Alors qu’il pensait tourner définitivement une page de sa vie, Jazz va replonger et se laisser entraîner dans une spirale de haine et de violence dont il pressent pourtant l’issue fatale…

On y croise Chet Baker dont l’ombre et la musique délicieusement mélancolique plane sur l’album et en donne en donne la tonalité et on y apprend les origines de ce gosse d’El Raval et de son amour pour le jazz qui lui valut son surnom… Un père musicien et une mère aimante disparus trop tôt, Judas et Teo qui devinrent sa famille d’adoption et l’Oncle Raimundo qui fut comme un père pour eux… Son sens de l’honneur et de la fidélité ne lui laissait d’autre choix que de se joindre à Teo et Judas dans leur folle odyssée vengeresse dont il connaissait pourtant l’issue… L’interview qu’il accorde à Lucia a tout du testament, annonçant à sa façon la fin dramatique qui s’annonce…

Si le récit de Raule est orchestré de main de maître, le dessin de Roger est indéniablement l’une des grandes forces de la série: un trait puissant conjugué à un saisissant sens du mouvement… des cadrages virtuoses… une mise en couleur audacieuse et particulièrement envoûtante… et un découpage tout juste bluffant… le tout sublimé par un encrage du rare élégance… Bref un auteur époustouflant qui n’en finit pas de nous étonner par l’étendue de son talent…

Avec un premier tome publié en 2007, Jazz Maynard marquait l’entrée tonitruante de deux auteurs dans le neuvième art… Ce dernier opus est une fois encore mené de main de maître par un Raule au sommet de son art alors que le dessin virtuose de Roger allie avec maestria beauté, finesse et efficacité.

Ecartelé entre sa passion pour la musique et sa fidélité à la mémoire d’Oncle Raimundo, le gosse d’El Raval va tourner le dos à Lucia et à une vie d’artiste pour suivre Judas dans sa vendetta.

Le rideau s’apprête à tomber sur une série tout juste incontournable pour qui aime le polar et le roman noir…

Je ne vois pas de quoi tu parles, Lucia. Je n’ai qu’une seule vie et elle me plaît. Jazz