Publié en noir et blanc chez Emmannuel Proust au crépuscule en 2009, les éditions Delcourt nous propose une version couleur de
Jenny Finn, plus conforme à l’idée que s’en faisait Troy Nixey…
Londres, ère victorienne… Le quartier des docks est hanté par un tueur qui assassine et éventre des femmes, semant la terreur parmi la population. Pour ne rien arranger, une peste aussi étrange que mortelle y sévit, recouvrant les cadavres d’excroissances tentaculaires…
Joe est un homme bon qui s’inquiète du sort de son prochain. Lorsqu’il croise la route de la jeune Jenny Finn dans les ruelles sombres et crasseuses du port, il se propose de la raccompagner chez elle pour lui éviter de dangereuses rencontres… En chemin, ils sont agressés par un vieil illuminé tenant des propos incohérent, se prétendant être le bras armé de Dieu et désirant s’en prendre à Jenny… Alors qu’un nouveau meurtre sanglant vient d’être commis, Joe déclenche inconséquemment la colère de la foule contre l’illuminé qui allait être lynché par une foule hystérique… Mais, bien vite, il apparaît qu’il était innocent…
En s’appuyant sur des croquis de Troy Nixey, Mike Mignola a tissé un récit victorien envoûtant mêlant de façon saisissante le mythe de l’Eventreur et les horreurs impies sorties de l’esprit torturé de H.P. Lovecraft pour un récit inquiétant et envoûtant…
Quand ce récit est publié au crépuscule du XXe siècle aux Etats-Unis, Mike Mignola était déjà un auteur reconnu pour son impressionnant talent et avait déjà posé les bases de son mignolaverse où se mêlent ésotérisme, culture ancienne, inspirations lovecraftiennes et créatures démoniaques… On retrouve ici, avec des accents délicieusement steampunk, ce qui fait le charme de ses récits, avec un héros étrangement lumineux et une bonne dose de folie furieuse lovecraftienne, dans une tonalité étrangement différente cependant… Oscillant entre la sainte qui porte secours aux déshéritée et le démon issu des profondeur de l’océan porteur d’une terrifiante malédiction, c’est peu dire que le personnage de Jenny Finn n’intrigue pas d’emblée, alors que se dévoile par bribe son étrange histoire…
Composé à quatre mains, le dessin de l’album ne s’inscrit pas dans l’esprit de Mike Mignola. Avec son trait souple, Troy Nixey en signe les trois premiers chapitres alors que Farel Dalrymple conclue le récit dans un style proche mais moins puissant néanmoins.
La colorisation, comme toujours impeccable, de Dave Stewart renforçant l’homogénéité de l’ensemble et distille avec art une atmosphère délicieusement glauque et morbide… Permettant de mieux apprécier le talent de Troy Nixey, un cahier graphique présente certaines des illustrations tirées du carnet et à partir desquelles Mike Mignola a tissé son étrange intrigue…
Signé par Mike Mignola et Troy Nixey, Jenny Finn est un conte fantastique se déroulant dans un Londres Victorien rongé par une peste indicible et où un tueur sanglant éventre des femmes aux alentours des docks…
Les amateurs de H.P. Lovecraft seront en terrain connu avec ce récit plongé dans une ambiance oppressantes qui évoque celle du Cauchemar d'Innsmouth rédigé par le maître de Providence et publiée à titre posthume…
Mis en images par Farel Dalrymple et Troy Nixey et dont l’inventivité graphique s’avère jubilatoire et mis en couleur par le talentueux Dave Stewart, ce récit déstabilisera sans doute les amateurs de Mignola par l’atmosphère sensiblement différente du reste de ses œuvres…
- Hé, je vous ai déjà vu… Avec cette petite fille.
- Jenny Finn.
- C’est ça. Elle était gentille avec vous. Elle vous a donné de l’argent.
- C’est une sainte, cette enfant. On la connaît tous par ici.dialogue entre Joe et un miséreux rongé par la lèpre