Immortalisé sous les traits de Claude Brasseur dans la série de Georges Neveux et Marcel Bluwal diffusée à l’aube des années 70, Vidocq fait partie de ces figures historiques qui ont tout du héros de roman. N’a-t-il pas servi de modèle à Hugo pour créer son Jean Valjean ?

Paris, été 1814. Napoléon a abdiqué, abandonnant la France entre les mains de Louis XVIII. Vidocq, qui avait déjoué un complot visant l’Empereur sait qu’il est sur la sellette, bien que Jean Hémery, son protecteur, ait été confirmé à son poste par le nouveau Préfet…

Vidocq et ses hommes vont se voir confier une mystérieuse affaire : le corps décapité d’un homme portant une chevalière ornée de symboles Illuminati, une branche dissidente des Francs-Maçons qui présideraient en coulisse au destin de la France, a été retrouvé flottant dans la scène aux abords de l’Hôtel-Dieu. Il apparaît bien vite que l’homme évoluait dans les sphères du pouvoir et le scandale retentissant de sa mort pourrait éclabousser la monarchie tout juste restaurée…

Le récit alambiqué concocté par Richard D. Nolane nous immerge tant dans l’histoire de France que l’histoire de France fantasmée où la Révolution, l’avènement de l’Empire et sa chute seraient le fruit d’une conspiration d’une société secrète issue d’une branche dissidente de la Franc-Maçonnerie : les Illuminati… Fraîchement rétablie, la monarchie est encore fragile et un scandale touchant l’entourage de Louis XVIII l’ébranlerait indubitablement… Et les secousses pourraient bien faire tomber Vidocq et son équipe dont les agissements lui ont valu de se faire bien des ennemis…

L’enquête de ce troisième tome s’avère pour le moins convaincante, riche en rebondissements et en protagonistes hauts en couleurs qui viennent souligner combien le Paris de la Restauration était un véritable panier de crabes où les proches de l’ancien pouvoir et du nouveau s’affronter dans les coulisses de la monarchie… Le scénariste continue d’étoffer le portrait de Vidocq, ancien bagnard devenu chef de l’officieuse Brigade de Sureté qui sait qu’il joue gros dans cet affaire… Plus froid et implacable que jamais, il s’efforce de démêler cet écheveau où se mêlent politique, mœurs légères et sociétés secrètes…

Sinisa Banovic nous immerge dans le Paris de la Restauration avec force détails, et on appréciera le soin apporté à la aux bâtiments, décors ou accessoires qui s’avèrent être particulièrement crédibles… Ses cadrages cinématographiques dynamisent le récit et accentue cette délicieuse dimension feuilletonnesque… A l’instar du premier opus, la couverture s’avère quant à elle particulièrement accrocheuse…

Oscillant entre petite et grande histoire, Le cadavre des illuminati nous entraîne dans le Paris de la Restauration où Vidocq va avoir fort à faire pour empêcher un scandale d’éclabousser la monarchie et sauver sa place…

Froid, sanguin et calculateur, épaulé par une équipe de choc, Vidocq va devoir démêler l’écheveau entourant la cadavre sans tête dont tout laisse à penser qu’il est membres des Illuminati, société secrète dont l’existence elle-même est sujette à caution…

Au fil des tomes, Richard D. Nolane et Sinisa Banovic complète le portrait d’un personnage historique et romanesque qui a forgé de son vivant sa propre légende en rédigeant ses mémoires…

- Ce qui m’a fait réagir et avoir l’infini déplaisir de vous revoir, c’est cette chevalière que portait bien en évidence notre mort dénudé…
- Une chouette ?
- Avez-vous déjà entendu parler des Illuminati, Vidocq ?dialogue entre le professeur Dupuytren et Vidocq