Après avoir passé les vingt dernières années de sa vie à le rechercher, Ana a enfin retrouvé son fils, enlevé par un commando au cœur de la maternité pendant son accouchement… Ce dernier vit au cœur d’une étrange communauté à l’organisation sectaire… Là, elle apprend que les récits mythologiques s’appuyaient sur des faits avérés…

Ainsi, Adam, Eve, Gilgamesh, Jésus, Amaterasu et autres demi-dieux des mythologie grecques et romaines sont-ils nés sans avoir été conçus avant de devenir les mentors de l’humanité… Comme eux, Seydou, le fils d’Ana, est doté de capacité surhumaines et c’est pour cela qu’il lui fut enlevé à sa naissance…

Mais Ana n’est pas dupe des beaux discours des ministres du Sanctuaire, prêts à sacrifier de nombreuses vies pour servir leurs obscurs desseins et contraindre Seydou à accomplir son destin…

S’appuyant sur des mythes anciens venus des quatre coins du globe, Zidrou a échafaudé un récit aux frontières du réel. Doté de pouvoirs dépassant l’entendement, les mentors, engendrés et non créés, président au destin de l’humanité depuis que l’homme est homme. Qu’adviendrait-il de l’humanité si de telles capacités tombaient entre de mauvaises mains ? Ces mains-là, assurément, présideraient au destin du monde…

Le récit choral tissé par l’auteur s’avère parfaitement orchestré, replongeant dans le passé d’Ana pour comprendre les mystères de son enfant et suivant Joyce qui s’efforce comme elle peut d’échapper à ses poursuivants tout en continuant son enquête pour comprendre ce qui est arrivée à son amie Ana... Particulièrement rythmé, le scénario de Zidrou s’avère remarquablement construit, ménageant un suspens digne d’une excellente série TV… Il referme chaque arc narratif avec art, clôturant son récit sur une note douce-amère un brin frustrante mais indéniablement efficace…

Francis Porcel fait montre d’une parfaite maîtrise de son sujet en mettant en image avec pertinence tant les scènes d’action débridées que celles portées par l’émotion des personnages. Au prime abord surprenante, sa colorisation permet de différencier d’un seul coup d’œil l’époque à laquelle se déroule chaque scène, rendant le récit particulièrement fluide malgré les nombreuses incursions dans le passé.

Après avoir happé le lecteur avec un premier tome orignal et iconoclaste avec lequel il retrouver le talentueux Francis Procel, Zidrou poursuit sa route loin des sentiers battus avec un second opus joliment ficelé.

Faisant montre d’une parfaite maîtrise narrative, le scénariste de l’Adoption, de Bouffon ou de Folies Bergère explore avec talent de nouveaux horizons et construit un récit intrigant, n’hésitant pas à malmener ses personnages pour mieux surprendre le lecteur…

Les Mentors forment un diptyque dystopique aussi fantastique que déstabilisant et qu’on imaginerait fort bien porté à l’écran…

- Seydou… Pourquoi ces gens t’ont-ils enlevé ? Pourquoi te retiennent-ils prisonniers ?
- Pourquoi enferme-t-on quelqu’un dans une prison ?
- Pour le punir ?
- Pour protéger la société.
- Pour protéger la société ?! Mais al protéger de quoi ? Tu n’as rien fait de mal !
- Les ministres veulent que je ne fasse de mal à personne. Et que je ne tombe pas entre des mains mal attentionnées !...dialogue entre Ana é Seyfou