Vincenzo Balzano s’empare de la mythique et sulfureuse Clinton Road pour tisser un récit aussi déstabilisant qu’envoûtant…

New Jersey, 1978. John Morgan patrouille comme chaque jour sur la Clinton Road pour coincer des braconniers alors que plusieurs mystérieuses et inquiétantes disparitions sont recensées sur ces quinze kilomètres d’asphalte que beaucoup disent hantés…

Superbement composée, la couverture donne d’emblée le ton avec ces silhouettes d’un père et de son fils qui se découpent à la lisière d’une forêt mystérieuse d’où s’envole une horde de noirs corbeaux esquissant la silhouette fantomatique d’un inquiétant personnage…

Avec une parfaite maîtrise de la narration, l’auteur nous entraîne dans un récit troublant où le héros perd peu à peu pied avec la réalité, distillant avec art ce sentiment de malaise qui brouille les perceptions du lecteur et instille le doute sur les étranges évènements dont il est le témoin. Le dessin de Vincenzo Balzano est une petite merveille d’expressionnisme. Il donne à voir autant qu’à ressentir. Rehaussé par des aquarelles brumeuses, son trait évanescent estompe les frontières entre le monde réel et le domaine de la folie avec une infinie subtilité, faisant perdre de façon désarmante tous ses repères au lecteur tout en baignant son récit d’une sombre mélancolie.

Le quatrième de couverture en dit peut-être trop, atténuant quelque peu la force du récit. Nous ne pouvons que recommander chaudement de s’y plonger sans en prendre connaissance pour ne pas dénaturer la remarquable construction narrative imaginée par l’auteur et qui confère tout son sel et tout son charme à l’histoire..

Le fond et la forme se rejoignent de façon saisissante dans cet album mené de main de maître par Vincenzo Balzano dont les talents de conteur et de dessinateur impressionnent.

Le fond et la forme se rejoignent de façon saisissante, brouillant les perceptions et les repères du lecteur pour l’entraîner, à la suite d’un héros à la dérive, dans une histoire où les frontières entre folie et réalité s’estompent de façon saisissante…

Clinton Road nous propose une expérience de lecture envoûtante et glaçante mêlant avec art polar, folie et poésie…

Argh ! Ca fait des semaines que je suis sur cette affaire. Si la police voyait ce carnet, il me rirait au nez ! Le ciel est ci clair. Il faut que j’y aille, Benjamin doit m’attendre pour dîner. Je reviendrais cette nuit. Avec un peu de chance je verrais les fameuses voitures dont parlait le vieux.
John Morgan