C’est presque à reculons que nous nous sommes lancés dans la lecture du troisième et, hélas, dernier tome de
Bots tant nous avons apprécié cette série follement inventive et indéniablement rafraîchissante et que l’idée de quitter cet univers et ces personnages si attachants était loin de nous enthousiasmer… Après, il faut se faire une raison : à l’issue du troisième tome, les trilogies sont assez souvent terminées…
Alors qu’ils pensaient confier Béh-Béh à ses semblables, War-hol et Rip-R ont dû déchanter : ce n’était que des androïdes, certes très intéressés par ce petit d’homme… Et, malgré quelques tensions entre nos deux héros (War-Hol reprochant à Rip-R de l’avoir switché vers un robot balayeur sous prétexte de l’extirper de sa prison et sauver son bios) doivent se rendre à l’évidence : leurs geôliers sont autant préoccupés qu’eux par la survie du Béh-Béh et par extension par l’avenir de l’humanité…
Car, sachant leur fin proche, les humains ont ingénieusement élaboré un système de reboot de l’humanité situé dans un complexe souterrain aménagé sous un ancien centre commercial. Il suffirait de s’y rendre et d’appuyer sur un bouton pour relancer la production ! Oui mais voilà : l’usine est protégée par une horde de zombots (des robots zombis !) particulièrement hargneux…
Quelle fin mes amis, quelle fin ! Après deux premiers tomes on ne peut plus enthousiasmants, les auteurs nous ont concocté un final aux petits oignons qui vous fera verser votre petite larme, pour peu que vous soyez plus sensible qu’un tamagotchi.
C’est peu dire qu’on se replonge avec un réel plaisir dans l’univers sombre mais joyeusement déjanté né sous la plume d’Aurélien Ducoudray et les crayons de Steve Baker. Quel plaisir de voir la société robotique tenter de donner un sens cohérent au vestige d’une humanité disparue (égratignant au passage la société de consommation et l’administration outrancière) alors que les androïdes, perpétuant les lois de la robotique d’Assimov et quelque peu désemparés privé de leur raison d’être, voient en Béh-Béh une chance unique de retrouver un sens à leur vie virtuelle… Si les péripéties s’enchaînent sur un rythme endiablé, cet ultime récit, truffé de bons mots, de trouvailles azimutées et d’easter eggs, décortique avec humour et lucidité ce qu’est la parentalité…
Difficile de ne pas être une nouvelle fois bluffé par le travail graphique de Steve Baker dont les crayons nerveux parviennent à rendre formidablement expressif un robot cyclope et incroyablement touchant ce petit bout d’homme dont le sourire désarmerait le plus vindicatif des CRS pendant une manif anti projet de retraite…
Signés Anne-Lise Nalin, Pascal Jousselin, Florent Sacré, Anlor, Tebo, Dimitris Pantazis ou Vlad Logostaev, les fansarts s’avèrent quant à eux tout juste magnifiques… Et ne manquez pas la scène cachée après ce joli générique de fin qui rend le final plus wahou! encore !
Dans un monde dominé par des robots et duquel l’homme semble avoir disparu, l’espoir renaît lorsque War-hol, deux robots antinomiques mais indéniablement complémentaire découvrent Béh-Béh, une étrange créature qui pourrait bien être le dernier homme…
Avec un délicieux changement de paradigme, Aurélien Ducoudray et Steve Baker abordent le complexe sujet de la parentalité avec lucidité, intelligence et un humour débridé par le truchement de deux robots découvrant une étrange créature dont ils ne savent rien mais qu’ils vont apprendre à connaître… et à aimer…
Ce troisième et (hélas) dernier tome de Bots referme une trilogie tout à la fois drôle, touchante et rafraîchissante à ne manquer sous aucun prétexte !
- C’est vous qui avez emmené le bébé ?
- Oui, pourquoi ? Il vous convient plus ? Il a un défaut ? Faut vous le rembourser ?
- Non. C’est juste qu’il vous réclame…dialogue entre Rip-R et un robot gardien